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LONDRES, 12 février (Reuters) - La directrice adjointe de l'ONG britannique Oxfam, Penny Lawrence, a démissionné lundi à la suite de révélations d'un scandale sexuel visant des responsables de l'organisation caritative en Haïti après le tremblement de terre en 2010.

"Il a été porté à notre connaissance ces derniers jours que nous n'avons pas réagi comme il convenait après les inquiétudes soulevées par le comportement du personnel humanitaire au Tchad et en Haïti", a dit Penny Lawrence dans un communiqué.

"Il est clair aujourd'hui que ces accusations - incluant le recours à des prostituées de la part du directeur dans le pays et des membres de son équipe au Tchad - ont été formulées avant son départ pour Haïti", ajoute-t-elle.

Des représentants d'Oxfam devaient être entendus lundi par la secrétaire d'Etat britannique au développement international, Penny Mordaunt, qui a menacé de cesser la contribution financière du gouvernement à l'organisation, d'un montant de 32 illions de livres par an (36 millions d'euros).

Les fonds gouvernementaux ne représentent que 8% du budget d'Oxfam, qui a atteint 409 millions de livres en 2016-2017 d'après son rapport annuel.

Ces révélations risquent toutefois de faire une mauvaise publicité et d'entraîner une chute des dons du privé à l'organisation caritative fondée en 1942.

C'est un article du Times, vendredi, qui a révélé l'affaire.

Oxfam a déclaré vendredi avoir lancé une enquête en interne dès la découverte des faits en 2011 et que quatre personnes avaient été licenciées et que trois autres avaient démissionné.

Dimanche, la directrice exécutive d'Oxfam International, Winnie Byanyima, a indiqué que ce genre de choses ne pourrait plus se produire selon les règles mises en place depuis lors.

Dans un entretien accordé à Reuters TV à New York, elle a dit avoir "le coeur brisé" et vouloir "rétablir la confiance".

Oxfam, a-t-elle assuré, "partagera avec les autorités compétentes toutes les informations en sa possession" au sujet de ce qui s'est passé en Haïti.

Penny Mordaunt a expliqué que son ministère n'avait pas été informé en 2011 de ce qui s'était passé.

"Ce qui est si perturbant à propos d'Oxfam", a-t-elle dit dimanche à la BBC, "c'est que quand cela leur a été rapporté, ils n'ont absolument pas fait ce qu'il fallait."

Oxfam dit avoir mis en place un certain nombre de mesures pour renforcer son contrôle du personnel et des embauches, en particulier dans les situations d'urgence où il faut recruter très vite. (Estelle Shirbon, avec Elizabeth Piper, Danielle Rouquié et Arthur Connan pour le service français, édité par Gilles Trequesser)