En préambule, précisons qu'il ne s'agit pas là d'acquérir initialement une valeur dont le cours a baissé, ce qui peut amener une belle plus value, mais bien de renforcer une position, que l'on n'aurait pas renforcée si l'action avait monté, uniquement à cause d'une baisse de prix. 

Il ne s'agit pas non plus de la méthode DCA (dollar cost average), soit le fait d'investir régulièrement à la hausse et à la baisse le même montant. Dans ce cas-là, on investit à la fois sur nos valeurs perdantes et gagnantes, alors qu'avec la moyenne à la baisse, on ne renforce que les valeurs perdantes. 

Enfin, il n'est pas non plus question ici d'une position sur un indice, un ETF ou d'un investissement à long terme sur une valeur solide, mais bien d'un pari sur une petite valeur isolée. 

Quels sont les risques de la méthode ? 

  • En renforçant une valeur à la baisse, on risque de déséquilibrer notre portefeuille sur une ou plusieurs valeurs qui sont, de surcroît, dans une mauvaise passe.
  • En s'habituant à faire des moyennes à la baisse, l'investisseur refuse de reconnaître son erreur. Si une action paraissait intéressante à 100 euros et qu'elle baisse de 30%, il est nécessaire de se remettre en question, de s'interroger sur sa démarche d'investisseur, plutôt que de considérer que le marché à tort. 
  • Ce faisant, il est fort probable que l'on réalise que l'analyse initiale était erronée, que nous sommes passés à côté d'une information de taille, surtout si le marché dans son ensemble n'a pas suivi la même direction.  

Prenons un exemple concret, avec une ancienne star de la bulle technologique (telle que Docusign, Shopify, Roblox, Robinhood, etc). Un investisseur investit 5000$ dans Zoom en août 2021, autour des 400 dollars, soit bien en-deçà des plus hauts à 588$, avec une décote de 30%. En décembre 2021, la valeur a cédé 50%, l'investisseur en rachète pour 5000$. En mars 2022, la valeur a abandonné 44% de plus pour tomber à 111$. Au total, l'investisseur a perdu 5825$, soit plus que sa position initiale.

Quand peut-on faire une moyenne à la baisse ? 

  • Si l'entrée graduelle à était déjà planifiée : si vous aviez prévu d'entrer en deux ou trois fois sur une valeur, et qu'elle a fortement baissé après votre premier achat, vous aurez l'occasion de refaire votre analyse pour comprendre la raison de la baisse (baisse générale des marchés ou uniquement de la valeur ? résultats décevants ou rumeurs ? etc). Si vous êtes toujours convaincu du timing, vous pouvez allouer le reste du capital initialement prévu. Dans le cas inverse, vous aurez eu raison de n'investir que 50 % du montant de départ, et ne risquerez que la moitié de votre position. 
  • Si vous renforcez un portefeuille global ou une position sur desindices larges (MSCI, Stoxx 600, ETF), comme indiqué en préambule. 
  • S'il s'agit de valeurs de qualité, c'est-à-dire rentables, peu cycliques, à la situation financière saine, que vous connaissez bien et dont vous comprenez la baisse. Car un net repli peut être le signe d'un début de décroissance. 

Quand doit-on éviter la moyenne à la baisse ? 

  • Si la société n'est pas rentable.
  • Si la valorisation est trop élevée. Dans l'exemple de Zoom, la valeur avait atteint un PER de 800 en 2020. Rappelons-nous que plus une entreprise se paie cher, plus le potentiel de baisse et de déception du marché est conséquent.
  • Sur les small caps. Les petites valeurs sont par définition plus fragiles, moins diversifiées (en termes de produits, de clients, de zones géographiques), disposent de bilans plus fragiles. Le risque de faillite est plus élevé que pour les grosses capitalisations boursières. Elles sont également plus souvent soumises à des ventes d'initiés, et moins couvertes par les analystes. L'information étant moins disponible, il est probable que vous soyez le dernier à être informé d'une mauvaise nouvelle. 

Pour aller plus loin sur ce sujet, visionnez la vidéo de notre expert Xavier Delmas :