"

(Easybourse.com) Le choix de Mindscape de s'introduire en bourse début décembre (date des premières négociations sur Alternext) est-il délibéré, étant donné qu'il s'agit d'un moment propice aux ventes de jeux vidéo ?
Le mois de décembre est effectivement un moment-clé du secteur des jeux vidéo, puisque cela veut dire pour nous que l'année 2007 est maintenant terminée.

Le choix de la date n'est pas spécifiquement lié à la période de Noël. C'est le choix de la période qui est important pour nous. Il y a un moment où il est opportun d'investir beaucoup plus face à un marché qui se développe de manière conséquente. C'est le time to invest pour nous.

L'année 2007 étant terminée, nous sommes désormais tournés vers 2008.

Pourquoi avoir choisi d'entrer en bourse ? A quoi vont vous servir les capitaux levés ?
L'analyse économique de notre cash flow montre en fait que, pour une croissance telle que nous l'avons connue par le passé, nous n'avons pas besoin de l'argent de la bourse.

La réalité, nous sommes face à un marché qui connaît une croissance exponentielle et qu'il nous appartient de capter.

Sur ce marché, extrêmement grand maintenant, nous avons une position historique. Le fait de lever des fonds va nous permettre d'aller plus vite, d'accélérer nos investissements de développement et de capter cette croissance.

Etant donnée la forte croissance du marché, si nous augmentons nos investissements, nous augmentons notre chiffre d'affaires et notre rentabilité.

Nous avons des ambitions réelles de prendre des positions de leader sur le marché européen dans le domaine du jeu pour la famille. Il est clair que ça ne se fait pas avec trois euros six cents…

La levée de fonds va également nous permettre d'envisager des opérations de croissance externe.

Sans oublier aussi, que cet argent nous apportera de la flexibilité.

Vous projetez donc de faire des acquisitions. Des dossiers sont-ils actuellement à l'étude ?
Pour nous, il y a deux actes de recherche, deux types de cibles.

C'est en premier lieu tout ce qui relève de la propriété intellectuelle. Notre stratégie, jusqu'à maintenant, consistait à développer de la propriété intellectuelle que nous pouvions ainsi commercialiser dans le monde entier.

L'une des voies étudiée, c'est la poursuite de cette stratégie en accélérant ce que nous avons engagé dans le passé, c'est-à-dire l'acquisition de propriétés intellectuelles comme nous l'avions fait dans le cadre de l'acquisition des studios Cocktel de Vivendi, avec des marques comme «Adibou», «Adiboud'Chou»…

Maintenant, pour ce qui est du second acte de recherche, nous ne voulons pas démultiplier notre budget de recherche et développement en travaillant avec des studios de développement qui sont localisés un peu partout dans le monde, dont la France. Il est clair que nous voulons rétablir l'équilibre et accentuer le développement en interne en faisant l'acquisition de studios.

Nous posséderions donc à la fois des studios internalisés et externalisés, ce qui nous permettrait de détenir les moteurs de développement et d'industrialiser nos développements, et ainsi d'avoir des coûts de développement parfaitement maîtrisés, voire réduits.

L'effort essentiel de notre groupe, c'est de bien maîtriser les coûts de développement et d'industrialiser nos développements pour véritablement mettre à profit les propriétés intellectuelles de nos actifs et notre savoir-faire.

Et donc, vous étudiez actuellement des dossiers ?
Absolument. 

A quelle hauteur la trésorerie du groupe participera au financement de ces acquisitions ?
Aujourd'hui, au regard de l'analyse financière, notre endettement est faible et notre capacité d'endettement reste importante.

Le taux d'endettement bancaire, à la fin de l'année, devrait être de 10% de nos capitaux propres, avec une trésorerie de plus de 4 millions d'euros.

Sans prendre en compte la levée de fonds, les analystes de la CIC projettent pour l'année prochaine un chiffre d'affaires de l'ordre de 52/53 millions d'euros (+30%) et une augmentation de notre budget de développement de 3,3 millions, à 45 millions d'euros.

Mindscape est à la fois développeur et éditeur de jeux. A l'image de ce qui se passe chez Atari, la filiale américaine d'Infogrames, le développement n'est-il pas une activité périlleuse ?
Pour nous qui sommes centrés sur les jeux pour la famille, les coûts de développement n'ont rien à voir avec le hardcore gaming, qui dans ce secteur se situe jusqu'à 15 millions d'euros.

Nos coûts de développement sont entre 100 000 et 500 000 euros avec la certitude absolue que nous ne les dépasserons pas. Ce n'est pas tant la subtilité des graphiques qui comptent sur notre marché, mais plutôt le game design, le contenu multimédia…

En outre, nous ne travaillons pas sur des blockbusters en nous disant que nous avons le jeu de l'année autour duquel nous allons réaliser notre chiffre d'affaires et notre rentabilité.

Chez nous, il n'y a pas un jeu qui représente plus de 2,5% de notre chiffre d'affaires. Aucune référence ne met en jeu la vie de la société.

L'exercice 2007 est quasiment terminé, à combien évaluez-vous votre chiffre d'affaires pour cette année ? Votre résultat net ? Votre résultat opérationnel ?
Selon les prévisions des analystes, notre chiffre d'affaires se situera autour de 37,6 millions d'euros, avec un Ebit de 3 millions.

Comment percevez-vous le secteur des jeux vidéo actuellement ?
Dans l'univers du jeu vidéos, il y a aujourd'hui une nouvelle ère qui est celle du casual game : le jeu pour la famille, le monde de la jeunesse, la petite enfance, le soutien scolaire… 

Comme je le disais précédemment, le casual game connaît actuellement une croissance exponentielle. En 2007, grâce à l'arrivée de nouvelles consoles, comme la Nintendo DS et la Wii, le marché auquel nous nous adressons a doublé.

Le marché de la Nintendo DS est équivalent au marché des logiciels PC de loisir.

Cette croissance, rapide et forte, n'est pas prête de s'arrêter.

Le secteur plus global du jeu vidéo connaît la même croissance, mais il est largement poussé par le casual game.

Le jeu de la console portable a le vent en poupe, c'est également le cas du jeu en ligne, sur lequel nous sommes particulièrement bien positionnés («World of soccer», un jeu de foot supporté par TF1, ou encore «Mission équitation on line» que nous lançons dans un mois, à l'occasion du Salon du cheval).

La croissance du jeu en ligne est prévue autour de 25% dans les années à venir.

Quels sont vos principaux concurrents ?
Ce n'est pas détourner la question que de répondre que nous avons une spécificité qui est d'avoir une position historique sur le marché du jeu de la famille, du ludoéducatif, du monde de la jeunesse….

Nous évoluons de plus en plus avec les licences acquises auprès des grands acteurs des médias et de la télévision vers des jeux très grand public, comme «Question pour un champion», «Fort Boyard», «Interville», etc.

Mais, c'est vrai que des acteurs comme Ubisoft, THQ et un peu Koch Media viennent maintenant sur le marché du casual game.

Quelle sera votre politique en matière de dividendes ?
A court terme, nous ne distribuerons pas de dividendes. Nous gardons l'argent pour le développement. C'est la politique actuelle. A ce jour, je ne vois pas de changements.

Propos recueillis par Marjorie Encelot

 

- 21 Novembre 2007 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

"