Bâle (awp/afp) - La foire de l'art de Bâle, qui va se tenir cette semaine en Suisse, va faire office de test pour la santé du marché de l'art durant les mois à venir après un refroidissement en 2023.

Quelque 285 galeries se réunissent pendant une semaine dans cette ville des bords du Rhin pour présenter leurs plus belles pièces lors de cet événement qui fait partie des temps forts de l'année pour les collectionneurs, qui se bousculent pour y faire leurs achats.

D'abord réservée pendant deux jours et demi aux riches collectionneurs, la foire ouvrira ses portes au public du 13 au 16 juin. Pour la première fois, les visiteurs pourront voter pour leur pièce favorite dans la section dite Unlimited, qui rassemble les oeuvres monumentales destinées aux musées et grandes collections privées.

S'y côtoieront aussi bien des oeuvres de grandes figures de l'art contemporain - avec notamment des fresques de l'Américain Keith Haring ou une coccinelle de Volkswagen emballée en 1961 par Christo - que des étoiles montantes de la scène artistique, avec entre autres une installation de l'artiste suédoise Anna Uddenberg.

Sur leurs stands, les galeries aligneront les signatures les plus recherchées des collectionneurs, dont Pablo Picasso, Andy Warhol, Yayoi Kusama ou Cy Twombly chez la galerie américaine Gagosian, ou encore Philip Guston, Georgia O'Keeffe, Louise Bourgeois ou Alexander Calder chez la galerie zurichoise Hauser & Wirth.

Recul de 4% en 2023

La foire se tient cette année dans un contexte plus incertain.

Selon un rapport de la banque UBS et du cabinet de recherches Art Economics, les ventes du marché de l'art ont reculé de 4% en 2023, aux environs de 65 milliards de dollars (58 milliards de francs suisses), refroidies par la hausse des taux d'intérêt et l'environnement géopolitique instable après deux années de vif rebond, suite au choc de la pandémie de Covid-19.

Ce recul l'an passé masque cependant de fortes disparités, la baisse touchant surtout les grandes galeries alors que "les acheteurs se sont montrés plus prudents avant de dépenser de grosses sommes" dans ce contexte plus incertain, d'après ce rapport. Les petites et moyennes galeries ont, au contraire, vu leur chiffre d'affaires augmenter grâce à la demande pour des oeuvres plus abordables.

Malgré ce ralentissement, de très grosses ventes avaient quand même été scellées l'an passé lors de cette foire à Bâle, où les galeries apportent des pièces exceptionnelles. Une araignée de la sculptrice franco-américaine Louise Bourgeois était partie à 22,5 millions de dollars.

Pour cette édition 2024, Hans Laenen, spécialiste du marché de l'art chez l'assureur AXA XL, en charge de l'Europe et de l'Asie-Pacifique, ne voit pas "de grands changements" dans la dynamique du marché, ni "en positif", ni "en négatif", et s'attend donc à ce que la foire soit "similaire à 2023".

"Le marché a un peu ralenti", a-t-il reconnu lors d'un entretien avec l'AFP. Pour autant, "je ne pense pas qu'on puisse parler d'une correction, mais plutôt d'une stabilisation du marché", qui apparaît "logique" au vu de la forte hausse des dernières années. Les collections assurées continuent, elles, de grandir, souligne-t-il.

Selon Robert Read, directeur du marché de l'art chez l'assureur britannique Hiscox, l'événement va cependant être une occasion de prendre le pouls du marché.

"Art Basel est le test décisif pour comprendre où va le marché de l'art", a-t-il déclaré à l'AFP.

Fondé en 1970 par trois marchands d'art, dont Ernst Beyeler, la foire de l'art de Bâle est devenue un événement incontournable dans le secteur, qui se décline aussi avec une édition à Miami, à Hong Kong et depuis 2022 à Paris, sous le nom de Paris+, en remplacement de la FIAC.

En 2023, la foire avait accueilli 82'000 visiteurs à Bâle.

afp/jh