Richard Barley,

The Wall Street Journal

La dégradation d'une note souveraine peut constituer un événement cathartique pour les marchés, synonyme d'opportunité d'achat pour les investisseurs obligataires. Ce n'est pas le cas de l'abaissement de la note de l'Italie par DBRS vendredi.

Certes, ce déclassement n'est pas non plus le signe annonciateur d'une crise. Pourtant, le fait que l'Italie ait perdu sa dernière note "A", après avoir été reléguée en catégorie "BBB" par Moody's, Standard & Poor's et Fitch Ratings, n'est pas sans conséquence. Cela se traduira par une augmentation de la décote appliquée aux emprunts d'Etat italiens apportés comme collatéraux pour avoir accès aux facilités de financement de la Banque centrale européenne (BCE), qui passera de 5% à 13% pour le titre de dette à dix ans. Cette hausse est plutôt malvenue, car elle va resserrer les conditions de liquidité et faire monter les coûts de financement des banques, ce qui devrait toutefois être gérable.

Surtout, la décision de DBRS n'affectera pas les achats d'obligations italiennes effectués par la BCE dans le cadre de son programme d'assouplissement quantitatif, ce qui permet d'expliquer l'augmentation limitée des rendements des emprunts d'Etat italiens lundi.

Des problèmes économiques persistants

Ce déclassement est toutefois un nouveau signe, s'il en fallait un, des problèmes persistants de l'Italie. La notation du pays ne prend pas le chemin d'un relèvement. DBRS a évoqué les incertitudes entourant la capacité politique du pays à mener à bien des réformes et la faiblesse de son système bancaire.

Malgré le regain de dynamisme de l'économie de la zone euro en 2017, l'Italie est à la traîne par rapport à des pays comme l'Espagne. Si le pays a enfin commencé à s'attaquer au problème de ses banques, ses perspectives n'en sont pas plus encourageantes.

L'emprunt d'Etat italien à dix ans affiche un rendement de 1,93%, supérieur de 0,5 point de pourcentage à celui de son équivalent espagnol. Si cet écart pourrait constituer une opportunité pour les investisseurs obligataires de la zone euro en manque de rendement, il reflète aussi les problèmes structurels que constituent l'endettement élevé et la faible croissance de l'Italie.

Tant qu'il n'auront pas l'espoir que davantage d'efforts seront déployés pour résoudre ces problèmes, les investisseurs devraient tempérer leur enthousiasme.

-Richard Barley, The Wall Street Journal

(Version française Maylis Jouaret) ed: ECH