1. Le cut-off

Le cut-off est une technique qui consiste à décaler les enregistrements des transactions financières d'une période comptable à une autre. Cette pratique peut être utilisée pour gonfler les revenus d'une période et diminuer ceux de la période suivante, ou vice versa. Par exemple, une entreprise peut enregistrer des ventes réalisées en janvier comme ayant eu lieu en décembre, augmentant ainsi les revenus de l'année précédente. Bien que cette pratique puisse être légale dans certaines circonstances, elle peut également être considérée comme de la manipulation financière si elle est utilisée de manière abusive.

  1. La méthode de valorisation des stocks

La méthode de valorisation des stocks est une technique qui permet aux entreprises de choisir parmi plusieurs méthodes pour évaluer leurs stocks, telles que le coût unitaire moyen pondéré (CUMP), le premier entré premier sorti (FIFO) ou le dernier entré premier sorti (LIFO). Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients, et le choix de l'une ou l'autre peut avoir un impact significatif sur les résultats financiers de l'entreprise. Par exemple, en période d'inflation, l'utilisation de la méthode FIFO peut hausser la valeur des stocks et, par conséquent, augmenter le bénéfice de l'entreprise.

  1. La réévaluation

La réévaluation est une technique qui consiste à ajuster la valeur comptable des actifs de l'entreprise, généralement pour refléter leur valeur de marché actuelle. Cette pratique peut être utilisée pour augmenter la valeur des actifs et améliorer les ratios financiers de l'entreprise comme le ratio de solvabilité. Cependant, la réévaluation peut également être considérée comme une forme de manipulation financière si elle est utilisée pour masquer des problèmes financiers sous-jacents ou pour influencer indûment les décisions des investisseurs.

  1. La méthode d'étalement des charges

La méthode d'étalement des charges permet aux entreprises de répartir les coûts d'un investissement ou d'une dépense sur plusieurs périodes comptables. Cette pratique peut être utilisée pour lisser les fluctuations des résultats financiers et donner l'impression d'une performance plus stable. Toutefois, l'étalement des charges peut également être considéré comme une forme de manipulation financière si elle est utilisée pour dissimuler des pertes ou pour présenter une image trompeuse de la rentabilité de l'entreprise.

  1. L'activation des dépenses des frais de développement

L'activation des dépenses des frais de développement est une technique qui consiste à capitaliser les coûts de recherche et de développement (R&D) en tant qu'actifs plutôt que de les comptabiliser en tant que charges. Cette pratique peut être justifiée dans certains cas, notamment lorsque les dépenses de R&D sont susceptibles de générer des avantages économiques futurs pour l'entreprise. Cependant, l'activation des dépenses des frais de développement peut également être considérée comme une forme de manipulation financière si elle est utilisée pour gonfler artificiellement les bénéfices et la valeur des actifs de l'entreprise.

Plusieurs études empiriques ont montré que la pratique de l’embellissement des comptes est exploitée par les entreprises quand elles n'atteignant pas et de très peu, le prévisionnel des analystes. Les dirigeants s’en serviraient ainsi à des fins opportunistes et non pas informatives. De plus, certaines de ces études ont pointé du doigt les entreprises contrôlées par un fort actionnariat institutionnel, qui auraient tendance à davantage maquiller leurs comptes, par rapport à celles possédées par des actionnaires retail. 

L’embellissement des comptes peut être effectué à la hausse (augmentation artificielle du résultat) ainsi qu’à la baisse. Tout dépend des intentions des dirigeants (diminution de l’impôt, satisfaction des actionnaires, lissage des comptes..). 

  1. Le cadrage des attentes

Les prévisions des analystes financiers jouent un rôle crucial dans le fonctionnement des marchés financiers, car elles influencent les décisions d'investissement des investisseurs et les valorisations des entreprises cotées en bourse. 

Ces analystes dialoguent régulièrement avec les entreprises qu’ils suivent. Pour ce faire, ils ont des contacts récurrents avec le pôle relation investisseurs (investor relations), par exemple pour valider leurs hypothèses, creuser une opération ou cadrer leurs objectifs de bénéfices/résultats pour leurs prévisions. La société elle-même est en quelque sorte derrière le consensus de marché. Elle a donc tout intérêt à suggérer des valeurs un peu plus conservatrices que la réalité, pour créer une narration de dépassement des prévisions.  

La créativité comptable est une pratique complexe qui peut avoir des conséquences importantes sur la perception de la santé financière d'une entreprise. Bien que cela soit légal, il faut comprendre que plus une société grandit, plus il y a une zone grise dans sa comptabilité qui apparaît. Le petit commerçant du coin ne fait pas de la créativité comptable, en tout cas pas dans de telles proportions. Il est essentiel pour les investisseurs, les régulateurs et les parties prenantes de comprendre ces techniques et de rester vigilants face aux risques potentiels de manipulation financière.