Les valeurs françaises ont perdu environ 7% depuis le 1er juillet, une performance plus proche des chutes de 8% à 9% constatées dans les pays lourdement endettés de la périphérie de la zone euro que de la baisse de 2% en Allemagne.

L'écart de rendements des obligations françaises, longtemps considérées - avec les allemandes - comme une référence sur le marché des emprunts d'Etat en Europe, a atteint jusqu'à 74 points de base par rapport au Bund allemand.

Selon des analystes, cet écart pourrait se creuser en raison de l'exposition du pays à l'Italie, la troisième économie de la zone euro. La France devra également porter le poids du deuxième plan de sauvetage - de plusieurs milliards d'euros - de la Grèce, et peut-être aussi du Portugal et de l'Irlande.

La France "est entraînée dans la contagion", estime Philip Lawlor, stratégiste chez Smith & Williamson à Londres.

"La dernière chose que souhaite le marché est de voir la France et l'Allemagne engager d'énormes montants de transferts budgétaires (au soutien des pays périphériques). Etant donné que l'économie française ne se porte pas merveilleusement bien (...) je me demande si les agences de notations ne vont pas se retourner vers la France et se demander si sa notation triple-A est bien solide, et la placer sous surveillance négative", ajoute-t-il.

La dette de la France devrait atteindre un pic de 86,9% du produit intérieur brut fin 2012, avec un déficit public de 4,6%, selon les estimations du gouvernement.

Mais ces niveaux de dette et de déficit restent largement inférieurs à ceux des pays périphériques de la zone euro et les analystes recommandent de ne pas surestimer le danger.

"En dehors des banques, on n'a pas constaté d'effet de contagion sur les obligations d'entreprises jusqu'ici, ni d'inquiétudes particulières de nos clients", déclare Sébastien Barthélémi, analyste crédit chez Louis Capital Markets à Paris.

TOUTE LA ZONE EURO

Les préoccupations des investisseurs sur la France ont commencé sur le marché du crédit la semaine dernière, avec la hausse des instruments de protection contre un éventuel défaut.

Dans le même temps, l'écart entre les taux à 10 ans français et les taux allemands a atteint jeudi dernier son plus haut niveau depuis 1995.

"On pourrait dire que ce n'est pas aussi inquiétant que les récentes évolutions constatées en Italie et en Espagne, mais c'est clairement quelque chose qui préoccupe les investisseurs car cela soutient l'idée qu'il ne s'agit plus de parler d'une crise périphérique mais bien d'une crise de toute la zone euro", note Michael Leister, stratégiste crédit chez West LB à Londres.

L'exposition des banques françaises à l'Italie était de 380 milliards de dollars fin décembre 2010, selon les chiffres de la Banque des Réglements internationaux.

Les banques françaises ont été les plus touchées, avec une baisse de 14,8% de BNP Paribas depuis le début du mois, alors que son indice sectoriel européen a perdu 8,2% das le même temps.

"L'inquiétude à ce stade se porte sur les banques françaises, pas vraiment sur la perspective du pays", selon Sébastien Bartélémi. "L'Italie a été attaquée la semaine dernière et BNP Paribas en a souffert. La corrélation est assez claire."

Les valorisations boursières en France sont proches de celles des marchés périphériques de la zone euro, avec un PER (cours/résultats attendus sur les 12 prochains mois) du CAC 40 de 9,2 contre 9,8 pour le Dax à Francfort et 9,6 pour l'indice FTSE 100 à Londres, selon les données de Thomson Reuters Datastream. Celui du FTSE MIB à Milan est de 8,7 et celui de l'Ibex à Madrid de 9,2.

Avec William James et Kirsten Donivan à Londres et Blaise Robinson à Paris, version française Juliette Rouillon, édité par Jean-Michel Bélot