(Actualisé avec citations, réaction des réseaux sociaux)

par Ayesha Rascoe et Melissa Fares

NEW YORK, 12 janvier (Reuters) - Pour sa première conférence de presse depuis son élection à la présidence des Etats-Unis le 8 novembre, Donald Trump a fait réagir les réseaux sociaux mercredi par ses critiques des journalistes et sa volonté réaffirmée de rapprochement avec la Russie.

Le milliardaire républicain, qui a été autrefois animateur d'une émission de télé-réalité, a commencé, créant la surprise, par complimenter le New York Times et d'autres organes de presse, lui qui a souvent accusé les médias de couvrir de façon malhonnête la campagne présidentielle pour l'élection du 8 novembre dernier.

La raison de ce coup de théâtre? Le New York Times et les autres complimentés se sont abstenus de faire état d'accusations non étayées selon lesquelles des agents russes détiendraient des informations personnelles et financières compromettantes sur Donald Trump.

Mais la phase des compliments a été de courte durée. Pour les organes de presse qui, a dit le futur président, ont choisi d'évoquer l'information, le site en ligne BuzzFeed qui a publié l'intégralité du rapport sur les allégations, et CNN, qui a été l'un des premiers médias à donner l'information sur le plan général, le président élu s'est montré cinglant.

"Vous, ce sont les fausses informations", a déclaré Trump au journaliste de CNN, Jim Acosta, qualifiant la chaîne de télévision d'horrible. "Je ne vous donnerai pas la parole", a ajouté l'homme d'affaires, refusant ainsi de laisser le journaliste l'interroger malgré plusieurs tentatives de celui-ci de poser sa question en criant.

RETWITTEZ SI VOUS N'ÊTES PAS JOURNALISTE

Ce moment dramatique a suscité un déluge de commentaires sur internet. Un autre moment viral a été celui où Trump a déclaré que les journalistes étaient "les seuls qui s'intéressaient" au fait de savoir s'il avait publié sa déclaration d'impôt. Cela a suscité 165.000 tweets. Des utilisateurs ont demandé aux autres : "retwittez si nous n'êtes pas journaliste et que vous êtes quand même intéressé à voir les déclarations fiscales de Trump."

En Russie, l'entrée #TrumpPressConference a été très en vue pendant la conférence de presse et plusieurs heures après.

Le milliardaire républicain, qui doit prendre ses fonctions de président le 20 janvier, a estimé qu'il fallait considérer comme un "atout" le fait que le président russe Vladimir Poutine soit bien disposé à son égard. "Si Poutine aime Trump, c'est un atout, pas un handicap parce que nous avons une relation horrible avec la Russie", a-t-il dit.

"Je ne sais pas si je vais m'entendre avec Vladimir Poutine. J'espère que oui. Mais il y a de bonnes chances que non", a déclaré Trump, ce qui a déclenché un déluge de tweets en Russie.

L'atmosphère s'annonçait tendue dès avant l'arrivée de Donald Trump devant son pupitre, dans le hall de sa tour à New York. L'équipe du président élu y avait installé 80 sièges, alors que 250 journalistes étaient attendus.

Les commentaires de Trump sur le mur que les Etats-Unis veulent construire le long de la frontière avec le Mexique et dont ils feront payer la facture à Mexico ont également suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux.

Au total, le sentiment sur Twitter concernant Trump pendant la conférence de presse était à 14% positif, 63% neutre et 23% négatif, selon la société de marketing numérique Amobee.

"VOUS ÊTES VIRÉS"

A l'arrivée du président élu, un groupe de membres de son personnel et de ses partisans qui se trouvaient près des ascenseurs dans le hall de la tour, se sont mis à applaudir. Et ce groupe a fait la claque pendant toute la durée de la conférence de presse, applaudissant et manifestant son approbation à chaque moment qu'il appréciait.

Les journalistes ne sont pas censés montrer une quelconque opinion dans un sens ou un autre dans l'exercice de leur métier.

Le futur directeur de la communication de la Maison blanche, Sean Spicer, et le futur vice-président Mike Pence ont tous deux dans leurs introductions respectives à la conférence de presse, critiqué les médias pour diffusion d'allégations sans fondement.

CNN a par la suite publié un communiqué.

"La décision de CNN de publier une information soigneusement sourcée sur les opérations de notre gouvernement est très différente de la décision de BuzzFeed de publier un mémo non étayé", lit-on dans le communiqué. "L'équipe de Trump le sait."

Le patron de BuzzFeed, Jonah Peretti, a défendu sa décision de mettre le rapport en ligne, affirmant dans une note au personnel qu'il s'agissait d'un "document valant la peine d'être publié".

Alors que les questions se faisaient plus pressantes, Donald Trump a donné la parole à un avocat qui a longuement expliqué devant les caméras de TV comment l'homme d'affaires devenu président des Etats-Unis allait éviter les conflits d'intérêt.

Au moment de conclure, le successeur de Barack Obama a montré des blocs de papier épais qui avaient été placés près de son pupitre au début de la conférence de presse et qui avaient intrigué les journalistes. Ils représentent, a-t-il dit, la paperasse qu'il a dû remplir pour commencer à placer ses affaires entre les mains de ses fils pendant le temps où il sera président, soit pour ne période de huit ans maximum.

Et si, après huit années, il trouve que ses fils ont mal travaillé, il leur dira : "vous êtes virés", reprenant l'accroche de l'émission de TV réalité qu'il a animée, "The Apprentice" ("Le stagiaire"). (Avec Jeff Mason à Washington; Danielle Rouquié pour le service français)