La première baisse des taux d'intérêt de la Banque du Canada en quatre ans a suscité mercredi la joie des ministres du gouvernement libéral fédéral, qui doit faire face aux accusations quotidiennes de l'opposition selon lesquelles il est responsable de la hausse du coût de la vie.

Les sondages montrent que les libéraux du Premier ministre Justin Trudeau seraient écrasés par l'opposition officielle, le Parti conservateur, lors d'une élection qui doit se tenir d'ici la fin du mois d'octobre de l'année prochaine. Les conservateurs affirment que M. Trudeau est responsable de l'inflation, de la flambée du coût du logement et des dépenses publiques élevées.

La Banque du Canada a abaissé mercredi son taux directeur à 4,75 %, alors qu'il n'avait jamais été aussi élevé depuis 23 ans (5 %), tout en précisant que le rythme des réductions supplémentaires serait progressif.

"Toutes les familles sont heureuses aujourd'hui... c'est une grande nouvelle. C'est vraiment la bouffée d'air frais dont les familles rêvaient", a déclaré à la presse le ministre de l'innovation, François-Philippe Champagne.

Nous commençons l'été en nous disant : "Je pense que nous sommes de l'autre côté de la montagne".

Alors que l'inflation grimpait en flèche pendant la pandémie de COVID-19, la banque centrale canadienne - qui est indépendante du gouvernement - a rapidement relevé ses taux pour tenter de maîtriser les prix, tandis qu'Ottawa déversait des milliards dans des programmes de soutien.

L'inflation s'élève aujourd'hui à 2,7 %, ce qui est supérieur à l'objectif de 2 % fixé par la banque centrale, mais inférieur au taux record de 8,1 % atteint en juin 2022.

La ministre des finances Chrystia Freeland, qui a présidé à l'explosion du déficit budgétaire, a qualifié la baisse des taux d'intérêt de bonne nouvelle.

"Nous avons travaillé très dur pour créer les conditions économiques qui permettraient à la banque d'abaisser les taux, et nous voyons aujourd'hui le fruit de ce dur labeur", a-t-elle déclaré.

Dans son budget d'avril, Mme Freeland a annoncé une augmentation des dépenses, mais aussi des impôts. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré à l'époque que le budget aurait peu d'impact sur les prévisions de la banque centrale.

Nik Nanos, fondateur de l'institut de sondage Nanos Research, a déclaré que la baisse des taux pourrait aider M. Trudeau.

"La réalité est que des taux stables et plus bas aident les gouvernements en place à gérer les inquiétudes concernant le coût de la vie", a-t-il déclaré dans un courriel.

Dans un communiqué, les conservateurs ont déclaré que "le gouvernement ne peut pas crier victoire à la suite de cette minuscule réduction de taux, car des millions de Canadiens continuent de souffrir de leurs politiques". (Reportage de David Ljunggren ; Rédaction de Paul Simao)