« La Fed est toujours crédible » toutefois cette crédibilité « s’effrite doucement, mais sûrement ». C’est ce qu’affirme une note de Groupama AM rédigée par Christophe Morel, chef économiste et Audrey Cohen, ingénieur financier. Pour les auteurs, cette baisse de crédibilité « renforce la détermination de la banque centrale à maintenir des conditions monétaires restrictives » de sorte que « lorsque l’économie américaine sera en récession fin 2023 », la Fed ne souhaitera pas selon eux baisser ses taux directeurs, car elle « ne prendra pas le risque de relancer les anticipations d’inflation ».

" Plus une banque centrale est crédible, au mieux elle oriente les anticipations d'inflation et plus la transmission de la politique monétaire est efficace " rappellent les auteurs, précisant que selon la recherche académique, les deux principaux déterminants de la crédibilité sont le track-record (c'est-à-dire la réussite des objectifs) et l'indépendance. Or s'agissant de la Fed, la question de la crédibilité se repose " avec acuité " depuis son erreur de diagnostic sur le caractère " transitoire " de l'inflation.

Les analystes ont construit un indice de crédibilité de la Fed à partir de l'hypothèse qu' " une banque centrale perd en crédibilité lorsque la formation des anticipations d'inflation à long terme dépend de plus en plus des chiffres d'inflation courants " , signe de " désancrage " des anticipations d'inflation. Ils en déduisent que la Fed " est toujours crédible puisque l'indice reste au-dessus du seuil limite " contrairement à la situation de la fin des années 70 et du début des années 80. Cependant cette crédibilité s'effrite depuis la période de " menace déflationniste " et tout au long de la période de " menace spirale inflationniste ".