par Matthieu Protard

Comme en témoigne son nouvel avertissement sur résultat, la banque peine à purger les excès du passé et à nettoyer son bilan grevé par quelque 37 milliards d'euros d'actifs risqués, se laissant du coup distancer par son éternelle rivale BNP Paribas.

Non contente d'avoir racheté l'an dernier Fortis au plus fort de la crise financière, la banque de la rue d'Antin affiche désormais en Bourse une valeur près de deux fois supérieure à celle de la Socgen.

Aux cours de mercredi, la Société générale affiche une capitalisation boursière de près de 37 milliards d'euros contre près de 69 milliards pour BNP Paribas.

"Nous avons constamment dit que la Socgen était la dernière banque à devoir constater une perte significative sur ses crédits structurés", explique Arturo de Frias, analyste bancaire chez Evolution Securities à Londres.

"Ils semblent avoir décidé de le faire trimestre après trimestre plutôt qu'en une seule fois", ajoute-t-il au sujet des actifs toxiques dont a hérité la nouvelle équipe dirigeante de la Société générale.

Les analystes d'Oddo Securities et de CM-CIC Securities soulignent aussi que l'équipe emmenée par Frédéric Oudéa semblent bien décidée à poursuivre et accélérer le nettoyage du bilan de la banque.

Il reste que le groupe, empêtré dans les difficultés comme l'illustre le feuilleton judiciaire qui secoue sa filiale de gestion TCW aux Etats-Unis, ne parvient toujours pas à retrouver ses marges de manoeuvre financières.

Sur les neuf premiers mois de 2009, elle a par exemple dégagé un bénéfice net de 457 millions d'euros quand BNP Paribas en affiche pour 4,5 milliards d'euros, soit près de dix fois plus.

RUMEURS RÉCURRENTES DE FUSION

Le départ fin avril de son président Daniel Bouton sous le feu des critiques depuis l'affaire Kerviel a quelque peu fait retomber la pression sur les dirigeants de la banque, la gestion de la crise ayant aussi contribué à éclipser les rivalités personnelles.

Du fait de ses difficultés, la Socgen demeure néanmoins l'objet de rumeurs récurrentes de rapprochement.

Entre fin octobre et fin novembre, la banque a été successivement mariée par la presse au Crédit agricole, puis à BNP Paribas puis pour finir à Dexia.

Concentrés sur l'intégration de Fortis qui a propulsé BNP au rang de première banque de la zone euro en terme de dépôts bancaires, les dirigeants de BNP Paribas répètent avoir définitivement fermé le dossier Socgen, un temps rouvert lors du scandale de la perte de trading record de 4,9 milliards d'euros.

Perçu comme le chevalier blanc de la Société générale, le Crédit agricole a lui aussi écarté l'idée d'un rapprochement même si les deux banques sont déjà partenaires avec deux coentreprises dans le courtage avec Newedge et la gestion d'actifs avec Amundi.

Mais pour l'heure, évoquant des acquisitions possibles dans la banque de détail ou la banque privée, Frédéric Oudéa s'efforce de préserver l'indépendance du groupe, poursuivant ainsi le travail de son prédécesseur qui n'était pas parvenu il y a dix ans à racheter Paribas tombé dans l'escarcelle de la BNP.

Édité par Jean-Michel Bélot