par Raoul Sachs

L'Agence France Trésor (AFT), qui gère la dette de l'Etat, a annoncé mardi que la France allait émettre 184 milliards d'euros de dette à moyen et long termes (net des rachats) en 2011, soit 4,0 milliards de moins qu'en 2010.

Le programme d'émission de dette à moyen et long termes de la France est inférieur au programme de l'Allemagne pour 2011 annoncé la semaine dernière pour un montant de 185 milliards d'euros auquel s'ajoutera environ une dizaine de milliards d'euros d'émissions de titres indexés sur l'inflation.

Lors d'un point de presse téléphonique, Philippe Mills, directeur général de l'AFT, a précisé que l'encours de la dette à court terme serait réduit de 1,1 milliard d'euros en 2011, ce qui devrait le ramener à 187 milliards d'euros fin 2011.

Fin 2010, l'encours des BTF sera réduit de 26 milliards pour être ramené à 188 milliards d'euros, a-t-il ajouté. En début d'année, cet encours s'établissait à 214 milliards d'euros et l'objectif initial était simplement de le stabiliser.

L'AFT a procédé à des rachats de titres de dette tout au long de l'année 2010 pour un montant total de 22,7 milliards d'euros, soit un record pour ce type d'opérations.

Ces rachats ont permis de réduire de 18,2 milliards d'euros le total des remboursements de dette de moyen et long termes arrivant à échéance en 2011 pour les ramener à 94,8 milliards d'euros. L'AFT a aussi racheté cette année 4,5 milliards d'euros de dette arrivant à échéance en 2012.

Les rachats effectués depuis septembre ont permis de réduire de 2,0 milliards le programme d'émission de dette à moyen et long termes de 2011 qui avait été annoncé lors de la présentation en septembre du projet de budget de la France pour un montant de 186 milliards d'euros.

HAUSSE DES TAUX LONGS ATTENDUE

Le projet de loi de finances pour 2011 prévoit de ramener le déficit budgétaire à 91,6 milliards d'euros contre 149,7 milliards en 2010.

La crise de la dette souveraine de la zone euro a dans l'ensemble peu affecté les conditions de financement de la France qui se sont améliorées cette année.

Philippe Mills a ainsi indiqué que le taux moyen payé par la France pour se financer à moyen et long termes en 2010 s'est établi à 2,53% contre 2,95% en 2009.

Interrogé sur l'évolution des taux longs, il a répondu que la tendance était à la hausse.

"C'est normal de voir un accroissement des coûts de financement parce qu'ils étaient très bas. Ils reflétaient les anticipations des investisseurs qui tablaient sur des niveaux bas de croissance et d'inflation", a-t-il dit.

"Au cours des deux ou trois derniers mois, le marché est entré dans un processus de normalisation. C'est logique", a-t-il ajouté précisant que les marchés de la dette américaine, allemande et française intégraient progressivement le fait que la croissance allait probablement être plus solide.

La France s'est employée en 2010 à réduire sa dette à court terme, ce qui a allongé la durée moyenne de l'ensemble de sa dette à sept ans et 50 jours.

La part de la dette court terme a été abaissée cette année à 15,3% du total de la dette négociable de la France (plus de 1.200 milliards d'euros) contre un record à 18,6% en 2009.

La réduction de l'encours de la dette à court terme a été rendue possible par les rachats de titres de moyen terme (BTAN) arrivant à échéance en janvier 2011 et des primes engrangées lors des adjudications mensuelles de BTAN et d'OAT (titres de long terme), par émission d'anciens titres à coupon élevé.

Une meilleure centralisation des surplus de trésorerie des administrations publiques et la réduction, annoncée le 17 novembre, du déficit budgétaire 2010 (de 152 milliards d'euros à 149,7 milliards) a également joué.

Le montant brut des émissions d'emprunts à moyen et long termes a atteint 210,7 milliards d'euros en 2010, dont 102,4 milliards d'OAT à taux fixe, 20,4 milliards d'euros d'OAT indexées sur l'inflation française (OATi) et sur l'inflation de la zone euro (OATei), et 87,9 milliards de BTAN.

Édité par Cyril Altmeyer