La crise du logement, récurrente dans le débat politique au cours de la décennie écoulée au même titre que l'emploi, s'invitera une fois de plus dans la campagne des élections présidentielle et législatives car la détente des prix, si elle devait se confirmer, pourrait n'être que symbolique.

La demande de logements en France reste forte, particulièrement dans les grandes villes, et les conditions d'accès au crédit, certes devenues plus difficiles, sont toujours jugées comparables à celles de 2007, veille du déclenchement de la crise des subprimes aux Etats-Unis.

"Il n'y aura pas d'effondrement du marché", a pronostiqué mardi René Pallincourt, président de la Fnaim, devant des journalistes. "Nous observons que 42% des Français ne sont pas propriétaires de leur résidence principale alors qu'ils aspirent, en majorité, à le devenir."

Les experts du lobby constitué par les quelque 12.000 agences immobilières adhérentes du réseau de la Fédération s'attendent à ce que la baisse des prix dans l'ancien sur la totalité du territoire s'établisse à 5% au plus en 2012 après une hausse de 7,3% en 2011 et 2,0% en 2010.

Les prix de l'ancien à Paris, qui ont flambé de 22,7% l'an dernier et de 11,6% en 2010, devraient quant à eux "corriger" d'environ 10% d'ici à décembre prochain.

RETOUR À LA CASE DÉPART

Face à la pénurie de l'offre dans certaines régions et compte tenu des marges de manoeuvre dont disposent encore certains acquéreurs, les experts du réseau Century 21 prévoient pour leur part une nouvelle hausse des prix en France en 2012, limitée néanmoins entre 2% et 3%.

Si les logements anciens retrouvent peu ou prou leurs valeurs de 2007 - la remontée des prix observée ces deux dernières années étant venue gommer les baisses enregistrées en 2008 et 2009 -, c'est la diminution attendue des transactions qui inquiète les professionnels.

La suppression du prêt à taux zéro renforcé (PTZ+) dans l'immobilier ancien inscrit dans le projet de loi de finances 2012, la fin programmée du dispositif locatif Scellier pour 2013 et la réforme des plus-values immobilières ne peuvent, selon eux, que freiner la signature des actes de vente.

"Le nombre d'opérations, qui devrait tourner autour de 800.000 en 2011 (contre 784.000 en 2010-NDLR), pourrait reculer de 15% cette année", a prévenu René Pallincourt.

"Environ 300.000 ménages ont bénéficié l'an dernier du PTZ+ dans l'ancien. On va faire sortir du marché une partie des ces acquéreurs", a-t-il ajouté.

De fait, le secteur du bâtiment figure parmi les plus gros contributeurs aux plans de rigueur dévoilés par le gouvernement en août et en novembre derniers.

Le relèvement du taux réduit de TVA de 5,5% à 7% dans le bâtiment et la dégradation récente de tous les indicateurs économiques achève d'assombrir les perspectives d'activité.

Edité par Yves Clarisse

par Matthias Blamont