Washington (awp/afp) - La banque centrale américaine, la Fed, devrait lancer mercredi une nouvelle étape de sa lutte contre l'inflation: finies les fortes hausses de taux des mois précédents, le moment pourrait être venu de ralentir, mais pas encore de s'arrêter.

"Le moment de ralentir le rythme des hausses de taux pourrait intervenir dès la réunion de décembre", avait averti le président de la Fed, Jerome Powell, fin novembre.

Autrement dit, après quatre très forts relèvements de trois-quarts de point de pourcentage, c'est une hausse d'un demi-point qui est attendue. Plus modeste, mais toujours forte.

Le taux directeur, actuellement compris entre 3,75 et 4,00%, devrait donc grimper jusqu'à 4,25-4,50%. Il s'agirait de son niveau le plus élevé depuis 2007.

Un tel ralentissement marquerait l'entrée dans une "nouvelle phase" de la lutte contre l'inflation, a expliqué à l'AFP Kathy Bostjancic, vice-présidente et cheffe économiste de la compagnie d'assurances Nationwide.

Les responsables de la Fed, souligne-t-elle, vont se montrer "plus prudents, plus progressifs", pour "éviter de faire tomber l'économie dans la récession".

Cependant, continue l'économiste, "l'objectif clair est de contenir l'inflation".

Le comité de politique monétaire (FOMC), organe de décision de la Fed, a débuté sa réunion Washington mardi matin, et celle-ci a repris mercredi matin "à 09H00 (14H00 GMT) comme prévu", a précisé à l'AFP un porte-parole de la Fed.

Elle s'achèvera à la mi-journée. Un communiqué de presse sera publié à 14H00 (19H00 GMT), puis M. Powell tiendra une conférence de presse 30 minutes plus tard.

"Ralentir le rythme"

Mardi, peu avant le début de la réunion, les chiffres de l'inflation en novembre ont montré un ralentissement plus fort qu'attendu, à 7,1% sur un an (contre 7,7% en octobre), selon l'indice CPI.

La Fed privilégie un autre indicateur, l'indice PCE, qui sera publié le 23 décembre. Mais cette bonne surprise pourrait achever de convaincre ses responsables de lever le pied.

"De bonnes nouvelles sur (l'inflation) sont les bienvenues, mais il ne faut pas crier victoire tant que l'inflation ne sera pas beaucoup plus faible. Certaines batailles sont gagnées mais la guerre continue", a commenté l'économiste Diane Swonk, cheffe économiste pour KPMG, dans un tweet.

"Le président Powell avance sur une ligne de crête alors que le débat s'intensifie au sein de la Fed, sur le niveau jusqu'auquel il faudra faire monter les taux, et quand il faudra s'arrêter", a-t-elle ajouté.

La Fed, depuis le mois de mars, relève ses taux à un rythme très rapide, pour inciter les banques commerciales à augmenter les taux d'intérêt de leurs prêts. Les ménages, alors, repoussent certains achats, et les entreprises investissent moins.

L'objectif est qu'il y ait moins de demande, et donc que les prix cessent de flamber.

Mais les effets mettent des mois à se faire sentir. La consommation demeure soutenue, et le marché de l'emploi reste en très bonne santé, avec un taux de chômage stable à 3,7%.

Les entreprises américaines connaissent en effet une pénurie de main d'oeuvre, qui les contraint à augmenter les salaires pour attirer les candidats et retenir leur personnel.

"En bonne voie"

"Je ne pense pas que nous soyons dans une spirale prix-salaires", a cependant dit jeudi à des journalistes la secrétaire au Trésor, Janet Yellen.

La ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden estime que, malgré "des risques auxquels l'économie est confrontée", les Etats-Unis sont "sur la bonne voie pour faire ralentir l'inflation" et que "la récession peut être évitée".

Et pour la suite ?

Un nouveau ralentissement des hausses de taux est à prévoir, mais pas encore de pause, ni de baisse.

"Une dynamique d'inflation plus encourageante permettra à la Fed de mettre fin à ses hausses de taux au début de l'année prochaine", estime Oren Klachkin, économiste pour Oxford Economics.

Il prévoit une hausse d'un quart de point seulement lors de la réunion suivante, les 31 janvier et 1er février. Cela correspond au rythme habituel auquel la Fed relève ses taux.

La Banque centrale européenne, qui tiendra sa réunion le lendemain de celle de la Fed, devrait elle "terminer la première mi-temps, de normalisation" de sa politique monétaire, a récemment estimé le patron de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

afp/rp