(Clarification para 4-5)

* Premier tir nord-coréen depuis la présidence de Trump

* C'est un missile de portée moyenne ou intermédiaire-Pentagone

* Cette "provocation" était attendue, disent les USA

* La réponse sera graduée pour éviter l'escalade, disent les USA (Actualisé avec déclarations Corée du Sud sur la nature intermédiaire du missile)

par Ju-min Park et Matt Spetalnick

SEOUL/WASHINGTON, 12 février (Reuters) - La Corée du Nord a tiré dimanche matin un missile balistique qui a atterri en mer du Japon, premier lancement de ce genre du régime communiste depuis l'investiture de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis fin janvier.

L'équipe de Trump a réagi en faisant savoir que la réponse américaine serait graduée pour éviter de nouvelles tensions.

Il s'agissait d'une "version améliorée" d'un missile de type Musudan de portée intermédiaire, a indiqué l'état-major sud-coréen. Ce type d'engin est conçu pour parcourir 3.000 à 4.000 kilomètres. L'armée sud-coréenne avait auparavant évoqué un missile Rodong de moyenne portée (moins de 3.500 km).

Le Pentagone a pour sa part précisé qu'il s'agissait d'un missile "de portée moyenne ou intermédiaire".

Il ne s'agit donc pas d'un missile balistique intercontinental (ICBM), que Pyongyang a dit avoir l'intention de tester à un moment ou un autre et qui serait susceptible de menacer les Etats-Unis.

Le projectile a été tiré peu avant 8h00 du matin (samedi 23h00 GMT) près de Panghyon dans la ville de Kusong située dans la région ouest de la Corée du Nord. Il a parcouru près de 500 kilomètres, selon l'état-major sud-coréen. Le dernier test de missile balistique de la Corée du Nord remontait à octobre.

"Selon nous, cela s'inscrit dans le cadre d'une démonstration de force en réaction à la ligne dure de la nouvelle administration américaine vis-à-vis du Nord", déclare l'état-major sud-coréen dans un communiqué.

De source militaire sud-coréenne, on indique que le missile a atteint une altitude de 550 km.

Ce lancement va permettre de tester l'engagement de Donald Trump qui avait promis de se montrer dur envers le régime communiste de Kim Jong-un qui a l'an dernier testé du matériel nucléaire et des missiles balistiques à un rythme sans précédent, en violation des résolutions des Nations unies.

Un membre de l'équipe gouvernementale américaine a indiqué que ce n'était "pas une surprise "et qu'une "provocation" nord-coréenne était attendue dans la foulée de la prestation de serment de Donald Trump.

"Le dirigeant nord-coréen aime attirer l'attention à ces moments comme celui-ci", a dit le responsable américain.

Selon lui, la Maison blanche va étudier les différentes possibilités de réaction à ce tir, mais, précise-t-il, la réponse sera graduée pour éviter l'escalade, parce qu'il ne s'agissait pas d'un ICBM et que Pyongyang n'a pas réalisé de nouvelle explosion nucléaire.

"INACCEPTABLE"

Les Etats-Unis vont en outre demander à la Chine, principal allié de la Corée du Nord, d'accentuer la pression sur son voisin, a-t-il ajouté, conformément à des déclarations précédentes de Donald Trump qui avait dit que Pékin n'avait pas fait suffisamment sur ce front-là.

Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, en visite aux Etats-Unis, a condamné le tir nord-coréen, qu'il a qualifié "d'absolument inacceptable". La Corée du Nord doit se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu, a-t-il dit.

"Je veux que tout le monde sache, et sache clairement, que les Etats-Unis sont avec le Japon, notre grand allié, à 100%", a de son côté déclaré Donald Trump.

Parmi les réponses possibles que vont soupeser Trump et son équipe figurent de nouvelles sanctions financières à l'encontre de Pyongyang ou un renforcement de la présence militaire aérienne et maritime américaine dans la région ou encore l'accélération du déploiement du nouveau système américain anti-missile Thaad en Corée du Sud, a indiqué le responsable américain, qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat.

Dans son discours du Nouvel an, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a annoncé qu'un essai de missile intercontinental était imminent et les médias officiels ont prévenu qu'un tir était possible à tout moment.

Donald Trump avait alors tweeté : "Cela ne se produira pas !" mais ses conseillers n'ont jamais dit comment les Etats-Unis s'y prendraient pour empêcher ce tir.

Le républicain Donald Trump a promis d'avoir vis-à-vis de la Corée du Nord une politique plus affirmée que celle dite de "patience stratégique" de son prédécesseur démocrate Barack Obama, mais il lui reste à expliciter ce en quoi elle consiste.

La Corée du Nord a tenté de lancer des missiles Musudan par huit fois l'an dernier, mais les tentatives ont presque toutes échoué. Un des lancements, qui a envoyé un missile sur une distance de 400 km, soit un peu plus de la moitié de la distance qui sépare la Corée du Nord du Japon, a été considéré comme un succès en Corée du Sud et aux Etats-Unis.

La Corée du Nord a effectué en 2016 deux essais nucléaires et plusieurs essais de missiles, ce qui a fait dire aux experts que le pays progressait en puissance militaire. (Avec Jack Kim à Séoul, Phil Stewart à Washington, Ayesha Rascoe et Kiyoshi Takenaka à Palm Beach, Elaine Lies à Tokyo et Ben Blanchard à Pékin; Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français)