PARIS, 25 janvier (Reuters) - La chancelière allemande Angela Merkel envisage de faire de la Commission européenne le véritable gouvernement de l'Europe politique, avec un Conseil européen transformé en Sénat aux côtés d'un Parlement de plus en plus puissant.

Cette vision fédérale calquée sur le modèle allemand et en grande partie contradictoire avec celle de Nicolas Sarkozy est exposée dans une interview publiée mercredi par Le Monde.

"Ma vision est l'Union politique, car l'Europe doit suivre sa propre voie", explique la chancelière.

"Au fil d'un long processus, nous transférerons davantage de compétences à la Commission, qui fonctionnera alors comme un gouvernement européen pour les compétences européennes", dit-elle. "Cela implique un parlement fort. Le Conseil qui réunit les chefs de gouvernement formera pour ainsi dire la deuxième chambre. Pour finir, nous avons la Cour européenne de justice comme cour suprême."

A l'inverse, le président français insiste sur le caractère intergouvernemental de la future Union, où les dirigeants européens auraient l'essentiel des pouvoirs, consacrant la perte d'influence de la Commission depuis plusieurs années.

Angela Merkel dément que l'Allemagne veuille utiliser sa puissance politique et économique pour faire cavalier seul.

"Je serai claire: toutes les forces politiques concernées en Allemagne sont proeuropéennes", souligne-t-elle.

Elle se montre optimiste sur la sortie de crise de la zone euro, dont les pays devront consentir des efforts d'assainissement des finances publiques longtemps retardés pour obtenir la solidarité de leurs partenaires, dont l'Allemagne.

"Ces dix-huit derniers mois, de nombreux pays ont déployé des efforts incroyables et engagé des réformes douloureuses, ce pour quoi je les assure de tout mon respect", souligne-t-elle.

"Je pense que, dans l'ensemble, nous avons trouvé un bon équilibre entre solidarité européenne et responsabilité nationale: si nous tirons les enseignements de toutes les erreurs et de tous les manquements, l'Europe sera après la crise bien, bien plus forte qu'elle ne l'était auparavant." (Yves Clarisse)