"Le Fonds (monétaire international) continue de penser que le yuan est substantiellement sous-évalué", a déclaré le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, lors d'un colloque sur les relations sino-européennes organisé à Paris par la direction du Trésor.

Dans la perspective d'un système monétaire international multipolaire où d'autres devises viendraient compléter le dollar, "l'euro et le yen apparaissent comme les "suspects habituels" mais le "yuan chinois a vocation à rejoindre ce groupe de devises", a déclaré le gouverneur de la Banque de France lors de ce colloque.

Christian Noyer, qui est également membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, a aussi souligné que l'accumulation excessive de réserves (de change) était coûteuse à l'échelle nationale comme internationale.

La Chine est accusée de maintenir une sous-évaluation du yuan qui lui donne un avantage compétitif et lui permet d'accumuler des excédents commerciaux et des réserves de change aux dépens de ses partenaires commerciaux.

Un des enseignements de la crise financière a été que de "larges réserves de change ne peuvent pas fournir une protection absolue contre des chocs de liquidité globaux", a ajouté Christian Noyer

Le gouverneur de la Banque de France a toutefois rappelé que "l'évolution du système monétaire international est un processus lent".

"DANS LE BON SENS"

Le directeur général du FMI a de son côté estimé que les "choses peuvent s'arranger" car la Chine et les Etats-Unis commencent à corriger leurs déséquilibres.

Aux Etats-Unis, on a constaté une hausse du taux d'épargne qui fait baisser les déficits américains et, en Chine, les autorités ont opéré un recentrage de l'économie au profit de la demande intérieure, afin de réduire la dépendance envers les exportations, a souligné Dominique Strauss-Kahn.

"On a l'impression que des forces s'exercent dans le bon sens pour corriger les déséquilibres", a-t-il ajouté.

Pour le directeur général du FMI, l'Union européenne et la Chine font face à des problèmes économiques "très différents mais complètement liés par la mondialisation.

"Les risques de ralentissement européen, en tout cas la croissance relativement faible en Europe est quelque chose qui aura des conséquences au niveau mondial", a-t-il dit en rappelant que l'Europe représente 20% du PIB mondial.

"Si d'aventure, ce n'est pas les prévisions du FMI, il y avait une crise profonde de la croissance en Europe, les conséquences sur l'Asie et sur la Chine seraient grandes", a-t-il prévenu.

Dominique Strauss-Kahn a estimé que le problème européen se concentrait sur deux aspects: dette publique et compétitivité".

La dette est bien sûr une préoccupation "absolument nécessaire mais le problème le plus important est la compétitivité", a-t-il dit.

Marc Joanny, avec Véronique Tison, édité par Gilles Trequesser