par Jordi Rubio

BARCELONE, 1er octobre (Reuters) - Les habitants de la Catalogne sont appelés ce dimanche à défier Madrid et à voter dans le cadre d'un référendum d'indépendance que les autorités espagnoles, jugeant cette consultation contraire à la Constitution du pays, sont résolues à empêcher.

La détermination affichée par les deux camps fait craindre que ce bras de fer entre indépendantistes catalans et pouvoir central à Madrid ne dégénère en violences.

Munis de sacs de couchage et de jeux, plusieurs centaines de partisans du référendum ont passé la journée de samedi avec leurs enfants dans des écoles qui serviront de bureaux de vote, afin de les maintenir ouvertes jusqu'à ce que les opérations de vote débutent à 09h00 (07h00 GMT) ce dimanche.

Le gouvernement espagnol affirme cependant que seul un petit nombre d'écoles sont occupées. Il dit s'être assuré que la plupart des quelque 2.300 établissements censés servir de bureaux de vote avaient été scellés.

"Nous ne comprenons pas pourquoi nous ne pouvons pas exprimer de manière pacifique la plus simple expression de la démocratie, un vote", s'interroge Pablo Larranaga, entouré de parents et d'enfants en bas âge dans une école de Barcelone.

"Nous ne savons pas ce qui va se passer demain. Nous allons essayer de voter de la seule manière que nous connaissons, c'est-à-dire pacifiquement."

On ignore si le référendum aura bien lieu, entre l'assurance affichée par les autorités catalanes et l'insistance de Madrid à l'empêcher.

Ce scrutin n'a pas de valeur juridique puisqu'il a été interdit par la Cour constitutionnelle espagnole. Cette dernière le considère contraire à la Constitution de 1978, qui proclame le pays indivisible.

LES ORGANISATEURS PRÔNENT LA RÉSISTANCE PACIFIQUE

D'après les sondages, seule une minorité de Catalans, environ 40%, est pour l'indépendance de cette région autonome du nord-est de l'Espagne, qui compte 7,5 millions d'habitants et affiche une économie plus prospère que celle du Portugal. Une majorité est cependant favorable à la tenue d'un référendum sur la question.

Le "oui" devrait malgré tout l'emporter, si le vote a lieu, car la participation des partisans de l'indépendance risque d'être bien plus élevée que celle des opposants.

Dans le cadre des efforts de Madrid pour empêcher la tenue du scrutin, la police occupe aussi depuis samedi le centre de communication du gouvernement catalan.

Des milliers de policiers ont été envoyés en renfort dans la région pour faire respecter l'interdiction de voter.

Le chef de la police catalane, les Mossos d'Esquadra, a donné pour instruction à ses troupes d'éviter au maximum tout recours à la force pour expulser les gens des bureaux de vote.

Les organisateurs du référendum ont appelé les électeurs à se présenter dès 05h00 du matin devant les bureaux de vote, en les invitant à résister pacifiquement à la police.

"Nous devons être certains que des personnes de tous âges seront présentes", écrivent-ils dans des instructions circulant sur les réseaux sociaux.

Toute personne utilisant un registre d'électeurs dans un bureau de vote ce dimanche en Catalogne risquera une amende de 300.000 euros, a dit une source gouvernementale.

Signe des tensions avant ce vote, des milliers de partisans de l'unité de l'Espagne ont manifesté samedi dans les grandes villes du pays, y compris à Barcelone. (Bertrand Boucey pour le service français)