DUBAÏ, 11 décembre (Reuters) - Les négociations sur le climat de la COP28 sont entrées dans une phase critique lundi, alors que les pays s'opposent sur la question de savoir s'il faut parvenir à un accord mondial pour l'élimination progressive des combustibles fossiles.

Le secrétaire général des Nations unies (Onu), Antonio Guterres, s'est efforcé d'encourager un consensus. Il affirme que le succès de la COP28 dépend de la conclusion d'un accord visant à réduire l'utilisation du charbon, du pétrole et du gaz assez rapidement.

"Cela ne signifie pas que tous les pays doivent éliminer progressivement les combustibles fossiles en même temps", a-t-il précisé aux journalistes lors du sommet de Dubaï, qui devrait se terminer mardi mais pourrait être prolongé si les négociations s'éternisent.

Antonio Guterres s'est fait l'écho d'un appel lancé par de nombreux pays en développement, pour qui tout accord conclu lors de la COP28 en vue de réformer le système énergétique mondial devait s'accompagner d'un soutien financier suffisant pour les aider à atteindre cet objectif.

Une coalition de plus de 100 pays, dont les États-Unis, le Canada et la Norvège, producteurs de pétrole et de gaz, ainsi que l'Union européenne et les pays insulaires vulnérables au changement climatique, souhaitent un accord incluant une clause d'élimination progressive des combustibles fossiles, ce qui n'a jamais été fait en 30 ans de sommets onusiens.

Les émissions provenant de la combustion des énergies fossiles sont de loin le principal moteur du changement climatique.

L'Opep, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, s'oppose à un accord sur l'élimination progressive des combustibles fossiles.

Dans une lettre datée du 6 décembre et consultée par Reuters, le secrétaire général de l'Opep, Haitham al Ghais, a exhorté les membres à rejeter toute formule prévoyant un abandon du pétrole et du gaz dans l'accord en cours de discussion.

"Ils s'opposent aux dispositions relatives aux combustibles fossiles et tentent de bloquer les négociations sur presque tous les autres points", a déclaré à Reuters Steven Guilbeault, ministre canadien de l'Environnement.

"Nous sommes le quatrième producteur de pétrole et de gaz. Nous comprenons. C'est compliqué. C'est déconcertant. Cela crée de l'incertitude dans certaines parties de notre pays. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas le faire", a-t-il ajouté.

Des négociateurs et des observateurs présents lors des discussions de la COP28 ont déclaré à Reuters que l'Arabie saoudite, leader de facto de l'Opep, figurait parmi les principaux opposants à un accord sur l'élimination progressive des combustibles fossiles.

Le gouvernement saoudien n'a pas répondu à une demande de commentaires.

Les Émirats arabes unis, eux-mêmes grands producteurs de pétrole, ont exhorté les pays à faire des compromis pour trouver un accord incluant les combustibles fossiles.

Malgré la croissance rapide des énergies renouvelables, les combustibles fossiles produisent aujourd'hui environ 80% de l'énergie mondiale. (Reportage Kate Abnett, Valerie Volcovivi, David Stanway, Sarah McFarlane, Maha el Dahan, Elizabeth Piper, Gloria Dickie ; version française Gaëlle Sheehan, édité par Kate Entringer)