La hausse des taux d'intérêt commence à ralentir l'économie canadienne, a déclaré mardi la Banque du Canada, mettant sous pression les ménages très endettés et les personnes qui ont récemment acheté une maison avec un prêt hypothécaire à taux variable.

"Il faudra du temps pour retrouver une croissance solide et une inflation faible, mais nous y parviendrons", a déclaré la première sous-gouverneure, Carolyn Rogers, dans un discours prononcé à l'Université d'Ottawa.

La Banque du Canada a relevé ses taux de 50 points de base le mois dernier pour lutter contre l'inflation élevée, portant le taux directeur à 3,75 %, le plus élevé depuis le niveau de 4 % atteint en janvier 2008. Elle a également prévu un ralentissement de la croissance à partir du quatrième trimestre de cette année et jusqu'au milieu de l'année prochaine.

M. Rogers a déclaré que la banque surveillait la manière dont la combinaison des prix élevés de l'immobilier et de l'endettement des ménages - deux vulnérabilités économiques de longue date au Canada - pourrait affecter la stabilité du système financier.

"Le risque d'un déclenchement susceptible d'affecter la stabilité financière s'est accru avec l'augmentation des taux, a-t-elle déclaré.

"Mais il y a de bonnes raisons de croire que le système dans son ensemble sera en mesure de surmonter cette période de tensions et de rester résilient", a-t-elle ajouté, citant les réformes entreprises depuis la crise financière mondiale pour consolider le système.

Les marchés monétaires ont totalement ignoré un nouveau resserrement de 25 points de base de la part de la Banque du Canada lors de sa prochaine décision de politique monétaire le 7 décembre et considèrent qu'il y a 20 % de chances qu'un mouvement plus important de 50 points de base se produise.

Selon M. Rogers, les personnes les plus touchées par les hausses de taux sont les nouveaux propriétaires qui ont acheté des hypothèques à taux variable lorsque les prix étaient élevés, pendant la pandémie, et dont le nombre est estimé à environ 670 000.

"Il ne s'agit pas d'une grande partie des ménages", a déclaré M. Rogers.

Après la publication d'un rapport sur les créations d'emplois en octobre, le taux d'inflation annuel du Canada est resté stable ce même mois à 6,9 %, correspondant aux prévisions des analystes, tandis que les mesures de l'inflation de base ont été mitigées, comme l'ont montré les données de la semaine dernière.

Au Canada, les trois quarts des prêts hypothécaires à taux variable sont assortis de paiements fixes jusqu'à ce que ceux-ci ne couvrent plus que les intérêts et aucune partie du principal, ce qui est appelé le seuil de déclenchement, selon un document de recherche publié par la banque centrale.

Une fois que les prêts hypothécaires à taux fixe atteignent le seuil de déclenchement, les prêteurs peuvent leur demander de payer davantage. Environ 50 % des détenteurs de prêts hypothécaires à taux variable, soit environ 13 % de l'ensemble des prêts hypothécaires canadiens, ont déjà vu leurs paiements atteindre le seuil de déclenchement, selon le document.

Si les taux augmentent de 50 points de base, 65 % des détenteurs de prêts hypothécaires à taux variable, soit 840 000 prêts et environ 17 % de l'ensemble des prêts hypothécaires, pourraient atteindre le seuil de déclenchement, selon le journal. (Reportage de David Ljunggren et Steve Scherer, édition de Deepa Babington)