Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE), dont le gouverneur Andrew Bailey a donné mardi "trois jours" aux fonds de pension pour rééquilibrer leurs actifs, envisagerait en privé de prolonger son intervention sur le marché obligataire, selon le Financial Times.

La banque centrale "a indiqué en privé à des banquiers qu'elle pourrait prolonger son programme d'urgence d'achat d'obligations au-delà de la date limite de vendredi" si les conditions de marché l'exigent, affirme mercredi le quotidien économique, qui cite des "personnes informées".

La BoE, sollicitée mercredi par l'AFP, a pourtant maintenu que le programme s'arrêtera comme prévu vendredi et indiqué ne pas commenter les informations du Financial Times, qu'elle qualifie de rumeurs.

Mardi à Washington, le gouverneur de la BoE Andrew Bailey avait dit penser "qu'un rééquilibrage doit être fait". "Mon message aux fonds impliqués et à toutes les compagnies gérant ces fonds est celui-ci: il vous reste trois jours", a-t-il déclaré lors d'une conversation à l'Institut of International Finance à Washington.

Londres fait face à un épisode de vive instabilité financière qui touche le marché de la dette britannique et fait grimper les taux d'emprunt de l'Etat. Les marchés ont été affolés par des annonces budgétaires du gouvernement fin septembre, massives et au financement flou, et s'inscrivant en direction opposée de l'action de la Banque d'Angleterre qui tente de juguler une inflation qui s'envole à près de 10% au Royaume-Uni en relevant les taux d'intérêt.

Pour tenter de calmer les marchés, l'institut monétaire a dû intervenir en achetant des bons du Trésor à long terme, et a étendu son intervention lundi et mardi face aux "dysfonctionnements" qui se poursuivent, sans pour autant repousser la date de fin d'intervention, fixée à vendredi.

"Nous sommes seulement mercredi et la Banque d'Angleterre (BoE) est déjà intervenue deux fois cette semaine", mais avec les déclarations mardi soir de M. Bailey "tous les efforts de la BoE sont partis en fumée", selon Ipek Ozkardeskaya, analyste chez SwissQuote.

Alors que le rendement des bons du Trésor britannique "restent à des niveaux alarmants" il s'agit "certainement l'une des plus grosses erreurs de communication qu'un banquier central puisse commettre", insiste l'analyste.

Les investisseurs hésitaient mercredi. Les taux d'emprunt à 30 ans de l'Etat, dont la flambée à 5,14% avait provoqué l'action de la BoE en septembre, étaient retombés après la première intervention de la Banque le 28 septembre. Ils ont depuis repris une hausse qui semble inexorable et poussaient à 4,92% peu avant 09H00 GMT mercredi.

La livre sterling, qui avait reculé nettement mardi après les déclarations du gouverneur de la Banque d'Angleterre mercredi, rebondissait mercredi, prenant 0,65% à 1,1018 dollar pour une livre à 07H20 GMT.

Les bons du Trésor sont très prisés des fonds de pension britanniques mais avec la chute de leur valeur, ces fonds doivent réinjecter massivement des liquidités pour que leurs actifs soient alignés sur leurs engagements.

Dans un communiqué mardi, l'association britannique des fonds de pension (PLSA) a pressé la BoE de leur donner plus de temps.

"La période d'achats" de bons par la Banque centrale "ne devrait pas se terminer si vite (...) beaucoup pensent qu'elle devrait s'étendre jusqu'au 31 octobre ou même plus tard", au lieu de vendredi, a plaidé l'association.

afp/ck