FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne pourrait présenter jeudi un calendrier plus précis concernant le retrait de ses mesures de relance extraordinaires, les craintes d'une inflation record l'emportant sur celles d'une récession liée à la guerre.

La BCE a jusqu'à présent évité de s'engager sur une date de fin de son programme de relance, craignant que la guerre en Ukraine et la hausse vertigineuse des prix de l'énergie ne changent soudainement les perspectives.

Pour l'instant, la banque prévoit de mettre fin aux achats d'obligations, communément appelés "assouplissement quantitatif", au cours du troisième trimestre, et de relever les taux d'intérêt "quelque temps" après cela.

Approuvé le mois dernier, ce programme est déjà remis en question, des forces opposées plaçant le Conseil des gouverneurs devant un dilemme.

D'une part, l'inflation atteint déjà un niveau record de 7,5% et d'autres hausses sont encore à venir. D'autre part, l'économie de l'Union européenne stagne, et les effets de la guerre touchent à la fois les ménages et les entreprises.

Plusieurs responsables politiques conservateurs, dont les gouverneurs des banques centrales d'Allemagne, des Pays-Bas, d'Autriche et de Belgique, ont plaidé en faveur d'une hausse des taux d'intérêt, craignant que l'inflation ne se prolonge trop longtemps.

En outre, les prévisions d'inflation à long terme, qui constituent un indicateur clé de la crédibilité de la politique de la banque, ont dépassé de manière décisive l'objectif de 2% de la BCE, même si les salaires n'ont pas encore réagi à la hausse des prix.

Ainsi, bien que la politique devrait rester inchangée lors de la réunion de jeudi, la directrice de la BCE, Christine Lagarde, pourrait subir des pressions pour signaler plus fermement une réduction des mesures de soutien dans les mois à venir.

(Reportage Balazs Koranyi et Francesco Canepa; version française Camille Raynaud)