Pour lutter contre l'inflation galopante, la BCE a relevé son taux directeur de 3 points de pourcentage en l'espace de sept mois, dans l'espoir que la hausse des coûts d'emprunt tempère la demande et empêche la croissance rapide des prix de s'enraciner.

Lors de sa première réunion de l'année, la BCE a porté le taux de dépôt de 2 % à 2,5 %, comme elle l'avait promis en décembre. Mais elle n'a pas suivi la Réserve fédérale américaine en signalant clairement un ralentissement du rythme de resserrement de la politique monétaire.

"Le conseil des gouverneurs maintiendra le cap d'un relèvement significatif des taux d'intérêt à un rythme régulier", a déclaré la BCE dans un communiqué.

"Le Conseil des gouverneurs a l'intention de relever les taux d'intérêt de 50 points de base supplémentaires lors de sa prochaine réunion de politique monétaire en mars et il évaluera alors la trajectoire ultérieure de sa politique monétaire", a-t-elle ajouté.

Ces dernières semaines, les décideurs politiques ont été de plus en plus divisés sur les perspectives de taux d'intérêt, les données entrantes étant ambiguës et susceptibles de justifier des hausses de taux plus rapides ou plus lentes.

L'inflation sous-jacente, une mesure clé de la durabilité de la croissance des prix, reste bloquée à des niveaux élevés depuis plusieurs décennies et la croissance des salaires, une autre composante clé de l'inflation à long terme, s'accélère clairement. Le marché du travail est également tendu, avec un taux de chômage qui n'a jamais été aussi bas.

Le signal de ralentissement envoyé mercredi par la Fed, qui a commencé à relever ses taux plus tôt, suggère que la fenêtre d'opportunité de la BCE pourrait commencer à se refermer plus tôt que prévu.

Jusqu'à présent, les marchés ont accepté cet argument de la prudence, d'autant plus que les voix des décideurs politiques conservateurs ont été largement majoritaires pendant la majeure partie de l'année écoulée.

Les marchés tablaient encore sur une nouvelle hausse de taux d'un point de pourcentage après la décision de jeudi, ce qui porterait le taux de dépôt à son niveau le plus élevé depuis plus de vingt ans.

Mais les colombes politiques affirment que l'inflation globale est déjà inférieure de 2 points de pourcentage au pic, tandis qu'une baisse rapide des prix du gaz naturel laisse présager une nouvelle baisse de l'inflation.

L'économie de la zone euro est au bord de la récession, ce qui est naturellement déflationniste, et la croissance du crédit devrait connaître sa plus forte baisse depuis la crise de la dette de 2011, ce qui suggère que les hausses de taux font lentement leur chemin dans l'économie.