(Actualisé avec la Grèce)

FRANCFORT, 21 juin (Reuters) - La croissance de la zone euro gagne en allant mais l'incertitude est grande, en raison notamment du référendum du 23 juin sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne (UE), c'est pourquoi la Banque centrale européenne (BCE) se tient prête à agir avec tous les instruments disponibles le cas échéant, a déclaré son président Mario Draghi mardi.

Pour relancer la croissance et l'inflation, la BCE n'a pas lésiné : elle a fait basculer l'un de ses taux directeurs en territoire négatif, a décidé de racheter pour 1.700 milliards d'euros de dette souveraine et "corporate" et propose des financements longs très avantageux au secteur bancaire.

"L'incertitude reste grande et les risques baissiers sont encore importants en raison d'une situation de l'économie mondiale qui reste fragile et des évolutions géopolitiques", a déclaré Mario Draghi à la commission des Affaires économiques et monétaire du Parlement européen.

"Nous surveillerons attentivement l'évolution de la situation vis-à-vis de la stabilité des prix", a-t-il poursuivi. "Nous sommes prêts à agir en employant tous les instruments disponibles dans le cadre de notre mandat, si nécessaire, afin de parvenir à notre objectif. En particulier, la BCE est prête à toute éventualité à la suite du référendum britannique sur le maintien dans l'Union européenne".

Le président de la BCE a également observé que l'investissement en Europe était inférieur de 10% à ce qu'il était avant la crise et il a souligné la nécessité de mesures de stimulation de la croissance au niveau de l'ensemble de l'Union européenne.

L'institut d'émission affirme depuis longtemps qu'il ne peut s'attaquer tout seul aux problèmes économiques de la zone euro et il ne cesse de prier les Etats membres de la zone euro d'assumer une partie de la charge.

A cet égard, Mario Draghi a souligné que le temps nécessaire à la BCE pour atteindre son objectif d'une inflation d'un petit peu moins de 2% dépendait des réformes structurelles qui seraient mises en place.

S'exprimant également sur le dossier grec, Mario Draghi a dit que la BCE réfléchirait à rétablir pour les banques locales l'accès à ses opérations de financement bon marché.

Des sources au fait du dossier avaient dit à Reuters précédemment que la décision à ce sujet pourrait intervenir mercredi.

Les banques grecques n'ont plus accès aux opérations de refinancement de la BCE depuis le début 2015, lorsque la Grèce a failli sortir de la zone euro. Renouer avec ces financements contribuerait pour beaucoup à normaliser une économie qui ressent encore le poids d'un contrôle des changes et des retombées de ses plans d'aide internationaux.

Mais il faudra que la Grèce remplisse d'autres conditions pour pouvoir être éligible au programme de rachat mensuel de 80 milliards d'euros d'actifs de la BCE, a souligné Draghi.

(Balazs Koranyi, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)