Peter Praet, âgé de 62 ans, a rejoint l'an dernier le directoire de six membres de la BCE. Il remplace l'Allemand Jürgen Stark, partisan d'une politique monétaire ultra-stricte.

Cette décision semble être le résultat d'un compromis : le Français Benoît Coeuré, qui sera finalement chargé des opérations de marché, et l'Allemand Jörg Asmussen étaient favoris. Ils ont tous deux rejoint le directoire de la BCE le 1er janvier.

Jusqu'à présent, le poste de l'économie avait toujours été aux mains d'un Allemand - Otmar Issing avait précédé Jürgen Stark. Mais Jörg Asmussen n'avait pas les mêmes références économiques que Benoît Coeuré, ou que Peter Praet, tous deux détenteurs d'un doctorat en économie.

Ce poste économique donnera à Peter Praet un rôle moteur lors des réunions de politique monétaire de la BCE. Il formulera une proposition en matière d'orientation des taux d'intérêt, qui servira de base de discussion lors de la réunion des 23 membres du conseil des gouverneurs de la BCE.

Cette décision devrait provoquer une déception en Allemagne, qui avait déjà manqué l'occasion de remporter la présidence de la BCE, avec la démission d'Axel Weber de la Bundesbank l'an dernier pour protester contre le programme controversé de rachat d'obligations de la banque centrale. La place de numéro un a finalement échu à l'Italien Mario Draghi.

Benoît Coeuré s'était clairement démarqué des banquiers centraux allemands. Il avait dit le mois dernier que la BCE devait accélérer ses achats de dette d'Etat si la crise de la zone euro venait à empêcher ses décisions sur les taux d'intérêt d'avoir l'impact souhaité.

DÉCEPTION POUR L'ALLEMAGNE

Ces commentaires avaient mis le Français âgé de 42 ans en conflit avec le patron de la Bundesbank Jens Weidmann, principal opposant déclaré au programme de rachats d'obligations de la BCE. Les Allemands estiment qu'avec ce programme, la BCE va au-delà de son mandat de politique monétaire pour s'immiscer dans la politique budgétaire.

Peter Praet, qui s'exprime relativement rarement en public, a toujours suivi soigneusement la ligne adoptée par la majorité du Conseil des gouverneurs.

Ce Belge né en Allemagne est connu pour sa position plutôt souple en matière de politique monétaire, avec un intérêt pour la croissance.

Docteur en économie, il a été économiste au Fonds monétaire international (FMI), avant d'enseigner à l'Université Libre de Bruxelles dont il est diplômé. Entre 1987 et 1999, il a été chargé des études économiques de ce qui est devenu la Fortis Bank. Il a été membre du Comité de Bâle.

Les changements au sein du directoire de la BCE ont été rendus nécessaire par les départs de Jürgen Stark et de l'Italien Lorenzo Bini Smaghi. Le départ de ce dernier fait suite à la nomination de Mario Draghi à la tête de la BCE de façon à laisser la place à un Français au directoire.

L'institution de Francfort, qui a confirmé des informations obtenues par Reuters auprès de sources proches du dossier, précise que Jörg Asmussen, 45 ans, sera pour sa part chargé des relations internationales et que Benoît Coeuré prendra le portefeuille des opérations de marché et avec lui la responsabilité de superviser de programme de rachat d'obligations.

Benoît Coeuré, ex-numéro deux du Trésor français, prendra ses fonctions à partir du 1er mars à la place de l'Espagnol José Manuel Gonzalez-Paramo, qui reste chargé de la supervision des études et des statistiques.

Juliette Rouillon et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Jean Décotte

par Alexander Hübner et Andreas Framke