Créé en 1860 par Napoléon III à la lisière du bois de Boulogne, le Jardin d'Acclimatation va connaître son plus grand bouleversement depuis sa création, après un investissement de 60 millions d'euros financé par le géant mondial du luxe et le groupe de loisirs, contre 25 millions d'euros alloués ces dix dernières années.

"Il s'agit d'un jardin de tradition, de patrimoine et de loisirs, pour lequel il fallait recréer le plaisir pour tous les publics", a déclaré mardi Marc-Antoine Jamet, secrétaire général de LVMH et président du parc d'attractions, lors d'une conférence de presse.

La ville de Paris, propriétaire des lieux, a renouvelé en septembre 2016 sa concession d'exploitation pour une durée de 25 ans à un groupement constitué à 80% par LVMH, propriétaire de Louis Vuitton, Dior ou Moët et Chandon, et à 20% par la Compagnie des Alpes, opérateur du parc Astérix, du Futuroscope ou du musée Grévin.

LVMH, qui avait "hérité" de la concession du Jardin en 1984, avec le rachat par son PDG Bernard Arnault du groupe textile Boussac (propriétaire de Dior), a souhaité s'associer cette fois avec un expert du loisirs.

Pour le groupe de luxe, cette rénovation offre une complémentarité avec la Fondation Vuitton qui jouxte le Jardin et avec le futur centre culturel de l'ancien Musée des arts et traditions populaires (ATP), ancrant encore davantage sa présence dans le paysage parisien.

ESPRIT DES LIEUX

Le projet qui entend conserver l'esprit des lieux et retrouver l'harmonie du Second Empire, passera par la destruction des bâtiments construits dans les années 1960, la restauration du patrimoine Napoléon III - grandes écuries, volière, pigeonnier - la mise en valeur de la rivière ou de nouveaux parcours paysagers.

Pour les manèges, le Jardin offrira 17 attractions nouvelles tandis que les autres seront modernisées et transformées.

Les attractions, colorées sans être criardes, seront intégrées dans la verdure et s'inspireront d'une esthétique "rétro-futuriste" à la Jules Verne, puisant ses images dans la vision post-industrielle du 19e siècle.

Les emblématiques petit train, rivière enchantée et miroirs déformants, qui ont fait les délices de générations de Parisiens et d'habitants de l'Ouest de la capitale, seront conservés.

La Compagnie des Alpes apportera son expertise en matière de gestion opérationnelle, de conception des attractions, de billetterie et de commercialisation auprès des comités d'entreprise ou des tours opérateurs.

Les deux groupes ambitionnent d'attirer quelque trois millions de visiteurs par an à l'horizon 2025, contre deux millions aujourd'hui, grâce notamment à une augmentation de la fréquentation des touristes étrangers et aux visiteurs de la Fondation Vuitton.

"Notre objectif est de hisser le jardin d'Acclimatation à la deuxième ou troisième place des parcs de loisirs en France", a précisé Delphine Pons, directrice du développement de la Cie des Alpes.

Disneyland Paris demeure de loin le premier parc d'attractions dans l'Hexagone, suivi par le Parc Asterix, le Futuroscope et le Puy du Fou.

Une redevance de deux millions d'euros par an sera versée à la ville de Paris, auxquels s'ajouteront une commission de 5% du chiffre d’affaires, à partir d'un certain seuil de ventes.

Le parc demeurera ouvert pendant la durée des travaux qui débuteront le 4 septembre 2017 et devraient s'achever le 1er mai 2018. Le tarif d'entrée sera relevé à 4,90 euros, contre 3,50 euros, et un pass "tout inclus" sera proposé à 29 euros.

"Contrairement à tous les parcs de loisirs, vous aurez le choix entre une entrée simple et un pass", a indiqué Marc-Antoine Jamet, précisant que 30% des entrées devraient rester gratuites et que les écoles et les centres de loisirs continueront de bénéficier de tarifs préférentiels.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis