* Réunion à Paris entre Parly, Le Drian et Stoltenberg

* Ils rappellent Moscou au respect de l'intégrité de l'Ukraine

* Le projet d'adhésion de l'Ukraine reste d'actualité, dit Stoltenberg (Actualisé avec déclarations au cours de la conférence)

PARIS, 10 décembre (Reuters) - La France, au côté de l'Otan, a de nouveau mis en garde la Russie vendredi sur les conséquences d'une intervention militaire en Ukraine, prévenant que les pays membres de l'Otan ne laisseraient pas une telle agression sans réponse.

Les tensions entre la Russie et l'Ukraine se sont accentuées ces dernières semaines, alors que les deux pays ont multiplié les exercices militaires et déployé des milliers de soldats à leur frontière commune, laissant craindre un conflit armé.

Moscou et Kiev s'accusent mutuellement d'être à l'origine de l'escalade des tensions dans l'est de l'Ukraine, où les forces séparatistes pro-russes contrôlent une large partie de territoire.

"Il est clair pour nous, je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, que toute atteinte à l'intégrité de l'Ukraine entraînerait (...) inévitablement des conséquences stratégiques massives", a prévenu le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse commune avec la ministre française des Armées, Florence Parly, et le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

Les deux ministres français et Jens Stoltenberg ont passé en revue lors d'une réunion au Quai d'Orsay les priorités, en matière de sécurité et défense, de la présidence française de l'Union européenne qui débute le 1er janvier prochain.

"L'Otan est unie face à cette situation et il est indispensable que nous poursuivions nos échanges d'informations sur le sujet", a relevé le chef de la diplomatie française à propos de l'Ukraine.

Jens Stoltenberg a renchéri, invitant de nouveau le Kremlin à engager "une désescalade, respecter la souveraineté, l'intégrité territoriale de l'Ukraine."

"Il faut une solution diplomatique et politique", a-t-il insisté, rappelant la disponibilité de l'Alliance à renouer un dialogue avec Moscou dans le cadre du Conseil Otan-Russie.

Le secrétaire général de l'Otan a considéré que les tensions actuelles ne changeaient rien au projet de l'Ukraine d'intégrer l'Otan, malgré les pressions russes.

L'OTAN RESTE OUVERTE A L'INTÉGRATION DE L'UKRAINE

L'Alliance a fait valoir en 2008 une perspective d'adhésion aux autorités de Minsk, mais cette offre reste depuis lettre morte.

"L'Ukraine n'est pas un membre de l'Otan, donc les garanties de sécurité ne s'appliquent pas à l'Ukraine, mais dans le même temps, l'Ukraine est un partenaire de l'Otan. Les alliés appuient l'intégrité territoriale de l'Ukraine et apportent un soutien politique et pratique", a dit Jens Stoltenberg.

"Rien n'a changé concernant l'adhésion de l'Ukraine, mais c'est à l'Ukraine de décider de son chemin, du moment et du souhait de devenir membre ou non", a-t-il ajouté, soulignant qu'il n'appartenait à quiconque "de s'ingérer dans ce droit".

Une mise en garde renouvelée à la Russie qui "essaye de rétablir sa sphère d'influence et de dicter sa conduite à un petit pays."

Les trois interlocuteurs ont en outre insisté sur la complémentarité stratégique et opérationnelle de l'Union européenne et de l'Otan dans l'optique du prochain sommet de l'Alliance, qui se tiendra en juin 2022 à Madrid, et aura pour objectif la révision du concept stratégique de l'Otan adopté en 2010, au regard notamment de la montée en puissance de la Russie et de la Chine.

"Trop longtemps a prévalu l'idée fausse que ces deux organisations seraient en concurrence. (...) Ce temps est révolu, il est désormais clair pour tous que notre environnement sécuritaire n'autorise pas des querelles institutionnelles, stériles", a estimé la ministre française des Armées.

Florence Parly a rappelé dans ce cadre l'importance de la dissuasion nucléaire.

"Dans un contexte stratégique détérioré, instable, nous avons plus que jamais besoin de capacité nucléaire pour préserver la paix, pour prévenir des actes de contrainte et pour éviter des agressions", a-t-elle plaidé.

Jens Stoltenberg a salué la posture française, jugeant que les forces nucléaires françaises "contribu ent de façon significative à la sécurité de l'ensemble de l'Alliance". (Rédigé par Sophie Louet, édité par Blandine Hénault)