LONDRES, 12 avril (Reuters) - L'optimisme des investisseurs sur la croissance économique mondiale est tombé à son plus bas niveau historique tandis que la crainte d'une forte inflation alliée à une stagnation de l'activité ("stagflation") n'a jamais été aussi forte depuis août 2008, montre mardi l'enquête mensuelle de BofA Securities auprès de gérants de fonds.

Ce sondage a été mené entre 1er et le 7 avril auprès d'un panel de gérants représentant un encours total de 833 milliards de dollars (766,4 milliards d’euros) sur fond de pressions inflationnistes croissantes et d'incertitudes sur le rythme de la croissance économique mondiale.

Interrogés sur leurs attentes concernant la croissance mondiale au cours des prochains mois, 71% des investisseurs se sont montrés pessimistes, le pourcentage le plus élevé depuis le début de l'enquête au début des années 1990.

Dans l'édition européenne de l'enquête, 81% des personnes interrogées anticipent un affaiblissement de l'économie de la région dans l'année, 69% le mois dernier.

Alors que les investisseurs ont réduit le niveau de liquidité des portefeuilles, ce qui traduit habituellement une certaine prudence, à 5,5% contre 5,9% lors du précédent sondage, la perspective d'une récession mondiale reste le risque principal évoqué pour les marchés mondiaux.

Le risque lié au conflit en Ukraine est relégué en quatrième position, derrière une politique monétaire restrictive des banques centrales et l'inflation.

Le niveau des matières premières dans les allocations a atteint le niveau record de 38%. Les positions longues sur le pétrole et les matières premières sont désormais les plus populaires.

Les positions à la vente ont augmenté dans les obligations et les valeurs cycliques dont les performances sont les plus étroitement corrélées à la croissance économique, a déclaré BofA.

Les gérants prévoient que la Réserve fédérale (Fed) relève ses taux d'intérêt jusqu'à sept fois dans le cycle actuel, contre quatre fois dans la précédente enquête. Une majorité d'entre eux s'attendent à un fléchissement de l'inflation au cours des 12 prochains mois.

Les actions américaines sont privilégiées par rapport aux européennes et aux britanniques. Mais malgré les craintes de récession, la majorité des gérants s'attend à ce que les actions européennes atteignent de nouveaux sommets. (Reporage Saikat Chatterjee, version française Laetitia Volga, édité par Sophie Louet)