L'indice Standard & Poor's 500, référence des gérants de fonds, a rebondi de 20% depuis un plus bas de clôture touché en octobre et a retrouvé son niveau de début août, au-dessus de la barre psychologique des 1.300 points.

Signe d'un appétit retrouvé pour le risque, l'indice CBOE de la volatilité, surnommé "le baromètre de la peur", a clôturé sous le seuil de 19 points pour la première fois depuis le 22 juillet dernier.

Pour Andrew Garthwaite, analyste de Credit Suisse, de grands changements sont à l'oeuvre qui devraient créer un environnement plus favorable pour les marchés d'actions.

D'abord, l'opération exceptionnelle de refinancement à trois ans de la Banque centrale européenne (BCE) a réussi à réduire les tensions sur le secteur bancaire de la zone euro. Ainsi, le taux Libor à trois mois, qui indique le coût auquel les banques européennes peuvent emprunter des dollars, a enregistré neuf jours consécutif de recul.

Ensuite, l'économie américaine paraît se redresser plus rapidement que prévu, avec un léger mieux sur un marché immobilier qui est resté longtemps déprimé. Les ventes de logements anciens aux Etats-Unis ont augmenté plus qu'attendu en décembre pour atteindre leur plus haut niveau depuis 11 mois.

CREDIT SUISSE VOIT LE S&P-500 À 1.400 POINTS

Enfin, en Chine, autre locomotive de la croissance mondiale dont le secteur manufacturier a montré d'inquiétants signes de ralentissement, les dirigeants affichent leur volonté d'assouplir la politique monétaire via un abaissement des réserves obligatoires des banques.

De ce fait, Credit Suisse a relevé son objectif de fin d'année sur l'indice S&P-500 à 1.400 points, contre 1,340 points précédemment, un niveau dont il s'est nettement rapproché deux semaines seulement après le début de l'année.

Le S&P a clôturé à 1.315,38 points vendredi, signant un gain hebdomadaire de 2%, soit sa meilleure performance depuis quatre semaines. De son côté, le Dow Jones a pris 2,4% sur la semaine et le composite du Nasdaq a gagné 2,8%.

Toutefois, Credit Suisse ne recommande pas de surpondérer l'exposition aux marchés d'actions, estimant que le risque d'une récession grave en Europe et d'un ralentissement aux Etats-Unis était toujours présent.

Pour Nicholas Colas, stratège en chef chez ConvergEx Group à New York, le "rally" observé ces dernières semaines n'a pas encore été mis à l'épreuve. Des informations inquiétantes en provenance d'Europe ou des signes de fléchissement de l'économie mondiale pourraient provoquer une forte rechute à Wall Street.

"C'est un rally basé sur la confiance, mais avec la menace de plusieurs événements significatifs à venir", juge-t-il.

SEMAINE CHARGÉE

D'autant que la semaine qui s'ouvre sera chargée.

Le marché continuera de suivre de près l'évolution des tractations entre la Grèce et ses créanciers privés, qui doivent permettre d'effacer environ deux tiers de la dette d'Athènes. Une source proche des négociations a rapporté samedi que les deux représentants des créanciers ont quitté samedi matin Athènes pour Paris mais que les discussions devaient se poursuivre par téléphone durant le week-end.

La semaine, rythmée par les indicateurs économiques, sera marquée mardi et mercredi par la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine et s'achèvera vendredi sur la première estimation de la croissance des Etats-Unis au quatrième trimestre.

Et le bal des résultats d'entreprises va se poursuivre, avec notamment Texas Instruments lundi, Apple, DuPont et Johnson & Johnson mardi, Boeing et United Technologies mercredi, 3M et AT&T jeudi et Chevron et Procter & Gamble vendredi.

Les investisseurs tenteront de voir si une tendance positive s'ébauche pour l'économie américaine, alors que pour le moment, la proportion de sociétés dont les résultats trimestriels ont dépassé les attentes est inférieure aux trimestres précédents.

Sur les 72 composantes du S&P-500 qui ont publié leurs comptes, seulement 60% ont dépassé les attentes des analystes, selon Thomson Reuters, contre 68% au même moment du cycle de publications au troisième trimestre et 78% au deuxième.

Jean Décotte pour le service français

par Edward Krudy