TBILISSI, 8 novembre (Reuters) - La police géorgienne a utilisé dimanche des canons à eau contre des centaines de manifestants qui se sont rassemblés devant la Commission électorale centrale (CEC) à l'appel de l'opposition pour dénoncer le résultat des élections législatives du 31 octobre et réclamer un nouveau scrutin.

Des témoins et chaînes de télévision ont rapporté que la police avait également utilisé des gaz lacrymogènes, ce que les forces de l'ordre ont nié.

Alors que les manifestants s'étaient déplacés vers le bâtiment de la CEC depuis l'avenue principale de la capitale Tbilissi, où des milliers de personnes avaient organisé un rassemblement pacifique, des petits groupes ont commmencé à lancer des pierres vers la police.

La police a déclaré que les manifestants avaient tenté de prendre d'assaut le bâtiment de la CEC.

"Les manifestants ayant utilisé des méthodes violentes et n'ayant pas obéi aux instructions de la police, le ministère de l'Intérieur a utilisé la force proportionnelle (prévue) dans ses pouvoirs", a déclaré le ministère dans un communiqué.

Selon la Commission électorale centrale du pays du Sud-Caucase, le parti au pouvoir, Rêve géorgien, s'est imposé avec 48,23% des suffrages exprimés. Le premier parti d'opposition, le Mouvement national uni (MNU) de l'ancien président Mikhaïl Saakashvili, a été crédité de 27,18% des voix.

Après l'annonce du résultat le 1er novembre, huit partis d'opposition dont le MNU ont annoncé qu'ils boycotteraient le Parlement. Les opposants accusent le parti du Premier ministre sortant Georgy Kvirikashvili de fraudes massives.

Une alliance de plus de 30 partis d'opposition ont donné jusqu'à dimanche soir à Bidzina Ivanishvili, le fondateur de Rêve géorgien et l'homme le plus riche du pays, pour limoger Tamar Zhvania, la présidente de la commission électorale, et entamer des discussions en vue de nouvelles élections.

Les manifestants se sont rendu dans le bâtiment de la CEC après l'échéance de 20 heures pour démettre le chef de la commission électorale et entamer des discussions sur un nouveau vote.

L'économie du pays de 3,7 millions d'habitants a été durement touchée par l'épidémie de coronavirus. Le gouvernement a annoncé samedi qu'il imposerait un couvre-feu à partir de lundi entre 22 heures et 5 heures du matin dans les plus grandes villes en raison d'une forte augmentation des cas depuis début septembre. (Margarita Antidze, version française Jean-Stéphane Brosse et Benjamin Mallet)