par Noëlle Mennella

Vendredi le titre Genzyme a clôturé en baisse de 0,24% à 69,82 dollars, au-dessus du prix de 69 dollars auquel Sanofi propose de racheter chaque action du spécialiste des maladies rares.

Prolonger l'offre de 50 jours à ce même prix de 69 dollars permettrait aux deux groupes de trouver un compromis autour d'un certificat de valeur garantie (CVG) basé sur la valeur du Campath, le traitement expérimental de Genzyme dans la sclérose en plaques, déjà validé pour les soins anticancéreux.

Cette idée des CVG, jugée "intéressante" par le directeur financier de Sanofi, Jérôme Contamine, est perçue par les analystes comme une réelle ouverture qui permettrait d'aboutir à un accord équilibré entre les deux parties. Un tel scénario est également jugé crédible par une source proche des négociations.

"Le CVG a déjà été utilisé dans d'autres transactions comme Fresenius quant il a racheté APP. Cela a du sens, particulièrement dans le cas où les deux groupes ne peuvent se mettre d'accord sur les ventes d'un médicament comme le Campath", commente Markus Manns, gestionnaire de fonds à Union Investment à Francfort.

De fait, Sanofi et Genzyme ont des appréciations très divergentes du potentiel de ce produit dans la sclérose en plaques, le Français en attendant 700 millions de dollars et l'américain 3,5 milliards.

La réussite de l'offre que Sanofi a rendu publique le 29 août et a lancée le 4 octobre est conditionnée à l'apport de la majorité des actions en circulation de la société américaine et de l'approbation de son conseil d'administration.

Or, celle-ci est loin d'être acquise, quel que soit le nombre titres apportés si, même avec des CVG, Sanofi ne remonte pas son offre de 69 euros par action.

PAS DE CHEVALIER BLANC

Les experts estiment qu'une offre entre 71 et 75 dollars pourrait emporter l'adhésion de Genzyme, qui n'est soutenu par aucun "chevalier blanc".

Selon eux, les deux groupes ont besoin l'un de l'autre.

En cas d'échec de l'offre de Sanofi, l'action de la biotech américaine pourrait bien en effet retomber vers 50 dollars, le niveau où elle se situait avant l'émergence des rumeurs d'OPA.

De son côté Sanofi, qui est menacé de perdre le tiers de son chiffre d'affaires d'ici 2013 en raison de la concurrence des génériques, doit reconstituer son portefeuille de médicaments.

Si le conseil de Genzyme continuait de camper sur ses positions, Sanofi pourrait également tenter en dernier recours de faire nommer des membres plus sensibles à ses arguments lors de l'assemblée générale de Genzyme en mai.

Mais le titre Sanofi risquerait de faire les frais d'une bataille dont l'issue resterait trop longtemps incertaine. L'action Sanofi a déjà perdu 10,4% depuis le début de l'année, sous-performant l'indice sectoriel européen qui a dans le même temps progressé de 5,8% environ.

Elle est valorisée 6,9 fois les résultats de Sanofi attendus pour 2011, soit le niveau le plus bas parmi les titres des grands laboratoires européens.

Le titre Genzyme, qui s'est traité en moyenne à 70,24 dollars depuis l'apparition des rumeurs d'OPA, se négocie en moyenne à 71,25 dollars depuis l'officialisation de l'OPA.

Avec la contribution de Ben Hirschler, édité par Marc Joanny