La hausse inattendue des dépenses de construction aux Etats-Unis en avril, la plus forte, au niveau mensuel, depuis près de dix ans, a renforcé l'effet positif de l'indice ISM.

Un peu avant la publication de l'indice américain, la Banque du Canada avait annoncé une hausse d'un quart de point à 0,5% de son taux d'intervention.

Une telle décision, la première pour un pays du G7, pouvait en soi passer pour être de bon augure, les banques centrales n'amorçant un nouveau cycle de durcissement monétaire que lorsqu'elles ont le sentiment que la situation économique doit s'améliorer durablement.

Mais la Banque du Canada a précisément mis en avant la crise de la dette européenne pour affirmer que sa prochaine décision monétaire n'était pas prévisible a priori.

Le véritable retournement à la hausse des marchés s'est donc produit lorsque l'Institut for Supply Management (ISM) américain a annoncé un indice manufacturier de 59,7 en mai contre 60,4 en avril et un consensus de 59,0.

De surcroît, la composante emploi de l'indice n'avait jamais été aussi élevée depuis mai 2004.

Le Dow Jones, le Nasdaq et l'indice FTSEurofirst 300 ont réduit fortement leurs pertes, après la publication de cet indice, et sont ensuite revenus dans le vert.

Le dollar a atteint un pic de séance face au yen, et l'euro est vivement remonté contre le billet vert, tandis que les Treasuries ont réduit leurs gains.

LA DETTE EUROPÉENNE INQUIÈTE TOUJOURS

Le FTSEurofirst 300 termine finalement la journée de mardi pratiquement inchangé, tandis que les différents indices boursiers nationaux européens finissent en ordre dispersé.

A Wall Street, le Dow Jones et le Nasdaq sont en territoire positif, tandis que le S&P-500 est presque inchangé. L'indice boursier mondial MSCI, qui était lui aussi revenu à la hausse, est en recul de 0,5% pour le moment. Cet indice a perdu près de 10% depuis avril et risque d'accuser sa plus forte perte trimestrielle depuis mars 2009.

La situation était plus sombre dans la matinée avec en particulier un euro tombé à son niveau le plus bas depuis quatre ans face au dollar.

La monnaie unique souffre toujours des inquiétudes concernant la capacité de la zone euro à résoudre ses problèmes de dette souveraine, qui pourraient peser sur la croissance de la région, voire sur la croissance mondiale.

La persistance de ces tensions pourrait aussi contraindre les banques de la zone euro à une nouvelle vague de dépréciations massives, dont la Banque centrale européenne a estimé lundi soir le montant global potentiel à 195 milliards d'euros d'ici fin 2011.

Par ailleurs, l'indice ISM manufacturier américain avait été précédé par les indices équivalents en Europe et en Chine. Ces derniers ont montré une situation contrastée, avec une décélération dans la zone euro, en Allemagne et en Chine tranchant avec une croissance soutenue en France et maintenue en Grande-Bretagne.

TASSEMENT DE LA DYNAMIQUE EN CHINE

C'est surtout la décélération de la croissance manufacturière chinoise qui a impressionné les marchés. "Cela témoigne d'un tassement de la dynamique du secteur manufacturier et confirme notre pronostic d'un fort ralentissement de la croissance du PIB au deuxième trimestre, décélération qui se poursuivra au troisième trimestre", commente Dariusz Kowalczyk (SJS Markets).

Plus généralement, la dette souveraine dans la zone euro reste un gros souci pour les marchés, et ce malgré les mesures d'ampleur déployées pour aider la Grèce.

Des pays comme le Portugal et l'Espagne sont également dans le collimateur des marchés, d'autant que Fitch a déclassé vendredi soir la note souveraine espagnole.

Cette décision a provoqué dans la journée une nouvelle hausse des primes exigées pour se prémunir d'un défaut de paiement non seulement de l'Espagne mais aussi de la France et de l'Italie.

Les CDS ont atteint pour l'Italie un record de 250 points de base, selon des données de Markit, tandis que les CDS de la France ont atteint 76 points de base.

Les écarts béants de compétitivité, au sein de la zone euro, entre des pays tels que l'Allemagne et ses partenaires du sud de l'Europe contribuent également à une aggravation des tensions sur les marchés du crédit.

Wilfrid Exbrayat, édité par Gwénaëlle Barzic