PRAGUE (Reuters) - Le procès de l'ancien Premier ministre tchèque Andrej Babis s'est ouvert lundi devant un tribunal de Prague où il devra répondre d'accusations de fraude et d'atteinte aux intérêts de l'Union européenne après le détournement présumé de deux millions d'euros de subventions, une affaire qui a terni sa carrière politique.

Le parquet accuse l'ancien propriétaire de l'empire Agrofert, présent dans la chimie, l'agroalimentaire, l'élevage et les médias, d'avoir illégalement utilisé les fonds européens pour faire construire un centre de conférences et un complexe hôtelier à une cinquantaine de kilomètres de Prague, avant de créer son parti ANO en 2011.

Celui qui fut Premier ministre de 2017 à 2021 nie tout acte répréhensible et a répété à plusieurs reprises être la cible d'un complot politique.

"Je suis heureux qu'on puisse voir tout cela, mes arguments contre cette accusation fausse", a-t-il déclaré alors qu'il entrait dans le tribunal, selon les images de la télévision tchèque.

"Il s'agit bien sûr d'une enquête criminelle à motivation politique", a-t-il ajouté.

Andrej Babis, 68 ans, possible candidat à la présidence en 2023, est toujours à la tête du premier parti du Parlement tchèque, bien qu'il siège dans l'opposition après qu'une coalition de cinq partis l'a évincé du pouvoir en 2021.

Babis, cinquième fortune de la République tchèque selon Forbes, est passible de la prison, mais le parquet pencherait pour de la réclusion avec sursis et une amende.

Le procès devrait s'achever à la mi-octobre.

Le Parquet national financier français a ouvert par ailleurs début 2022 une procédure contre le milliardaire pour blanchiment de fraude fiscale concernant les conditions d'acquisition de villas par à Mougins (Alpes-Maritimes), à la suite des révélations des "Pandora Papers".

(Reportage Robert Muller, rédigé par Jason Hovet, Jan Lopatka et Alison Williams ; version française Diana Mandiá, édité par Sophie Louet)