Deborah Hersman a précisé lors d'une conférence de presse que ses enquêteurs avaient trouvé une série de "symptômes" sur la batterie endommagée dans un incendie le 7 janvier sur l'aéroport de Boston, mais pas la cause de l'incident.

Elle a ajouté que le NTSB (National Transportation Safety Board) allait examiner la conception du compartiment qui sert à loger la batterie à bord de l'appareil, et qu'il allait vérifier si la procédure de certification de l'avion à la technologie novatrice a été suffisamment rigoureuse.

"L'enquête débute à peine, nous avons encore beaucoup de tâches à accomplir", a expliqué la présidente du NTSB.

"C'est un événement sans précédent. Nous sommes très préoccupés. Nous ne nous attendions pas à voir des incendies à bord d'avions. C'est un très sérieux problème de sécurité aérienne", a-t-elle dit.

Aux yeux d'experts de la sécurité aérienne, ces déclarations signifient que le Boeing 787 sera cloué au sol pour longtemps, avec toutes les incertitudes que cela comporte pour l'avionneur qui continue à fabriquer l'appareil et pour les compagnies aériennes qui attendent d'être livrées.

Mark Rosenker, ancien président du NTSB, a déclaré qu'au vu des premiers résultats, l'enquête prendrait "des semaines, non des jours".

"ON NE JOUE PAS AVEC LE FEU"

Boeing a vendu environ 850 Dreamliner. Cinquante ont été livrés à ce jour, dont près de la moitié -24- au Japon.

L'autorité américaine de l'aviation civile, la Federal Aviation Authority (FAA), a demandé il y a une semaine à toutes les compagnies de cesser, de manière temporaire, de faire voler l'avion jusqu'à ce que sa sécurité soit démontrée.

La mesure est sans précédent depuis 1979 quand la flotte de DC-10 de McDonnell Douglas avait été clouée au sol à la suite d'un accident à Chicago.

Les 787 sont immobilisés depuis qu'un appareil de la compagnie All Nippon Airways a effectué un atterrissage d'urgence le 16 janvier au Japon après un incident relatif à sa batterie. Deborah Hersman n'a pas confirmé que la batterie avait pris feu, comme dans l'avion de la Japan Airlines qui avait dû atterrir d'urgence à Boston le 7 janvier.

Dans un communiqué diffusé jeudi, Boeing a déclaré coopérer avec les autorités, soulignant que des "centaines" de ses experts travaillaient sur le dossier.

L'avionneur n'a pas souffert en Bourse pour le moment, son action avant gagné 1,3% depuis que les autorités ont ordonné son immobilisation.

Mark Rosenker, l'ancien président du NTSB, a noté que d'autres nouveaux modèles d'avion avaient eu des problèmes au moment de leur mise en service mais qu'il ne s'agissait pas d'incendies.

"Le feu est quelque chose avec lequel on ne joue pas. Il faut comprendre cela, étant donné surtout la brève période de temps durant laquelle l'avion a volé", a-t-il dit.

AIRBUS CONFIANT

Le 787 est le premier avion commercial à utiliser des batteries lithium-ion, légères mais puissantes, qui permettent d'utiliser un nombre croissant d'équipements électriques dans les avions de dernière génération, mais qui doivent être protégées contre le risque de surcharge.

Boeing a expliqué récemment que ces batteries sont compliquées à éteindre une fois qu'elles prennent feu, en raison de leurs composants chimiques qui produisent de l'oxygène.

Deborah Hersman a déclaré qu'il n'existait pas de système anti-incendie spécifique dans le compartiment où la batterie s'est consumée, ni aucun moyen d'y accéder pendant le vol. "Nous examinerons bien sûr la conception et nous vérifierons si les normes de certification ont été assez rigoureuses."

Si les autorités américaines décident d'imposer des modifications sur le 787, cela pourrait avoir des implications pour l'A350, le programme d'Airbus concurrent du Dreamliner.

Au Forum économique mondial de Davos, le président exécutif d'Airbus Fabrice Brégier a déclaré à Reuters TV que l'avionneur était confiant dans la conception de l'A350 mais qu'il tirerait les leçons du 787.

Pour son futur long-courrier, Airbus explique qu'il emploie un type similaire de batteries lithium-ion, mais ne les incorpore pas de la même manière au sein de l'A350, qui utilise moins de systèmes électriques que le 787.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français

par Andrea Shalal-Esa et Jim Wolf