par Lucia Mutikani

Le mois dernier, 54.000 emplois non-agricoles ont été supprimés, a annoncé vendredi le département du Travail, le nombre de contrats temporaires liés au recensement de la population ayant diminué de 114.000.

Le seul secteur privé, considéré comme un meilleur baromètre de la santé du marché du travail, a créé 67.000 postes en août, contre 107.000 (révisé de 71.000) en juillet.

Washington a en outre révisé en forte baisse le nombre de postes détruits en juillet, à 54.000 contre 131.000 annoncé initialement. Les chiffres de juin ont aussi été revus pour montrer 175.000 pertes d'emplois contre 221.000 initialement estimé.

"Ce sont de très bons chiffres pour le marché de l'emploi", commente Kathy Lien, directrice de la recherche sur les changes à GFT. "Cela signifie que, pour le moment, la crainte d'une économie américaine fragilisée est injustifiée, les statistiques montrant que le marché du travail n'est pas si dégradé que cela."

Wall Street a ouvert en forte hausse après la publication de ces statistiques tandis que les obligations souveraines américaines, considérées comme des valeurs refuges amplifiaient leurs pertes. En milieu d'après-midi, le dollar gagnait également du terrain face à l'euro et au yen.

Les économistes et analystes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne 100.000 destructions d'emplois non-agricoles en août, et 41.000 créations dans le secteur privé.

DE NOUVELLES MESURES À L'ÉTUDE À LA MAISON BLANCHE

La statistique devrait atténuer les craintes d'un retour de la récession et réduire les pressions sur la Fed en faveur d'un nouveau programme de rachats de dettes destinés à maintenir les taux bas sur le marché, donc à favoriser le crédit.

Le président Barack Obama s'est félicité vendredi des chiffres de l'emploi, qu'il a présentés comme une bonne nouvelle tout en ajoutant qu'ils n'étaient pas suffisants.

Il a précisé qu'il étudierait la semaine prochaine une nouvelle série de mesures destinées à soutenir la croissance et l'emploi.

Les craintes d'un retour de la récession avaient déjà diminué ces derniers jours après des statistiques rassurantes sur l'activité dans le secteur manufacturier et les dépenses des ménages, mais la faiblesse de la croissance continue d'inquiéter les investisseurs.

Le taux de chômage a augmenté le mois dernier pour ressortir à 9,6%, en ligne avec les prévisions des économistes, un certain nombre de chômeurs découragés par la situation sur le marché du travail s'étant remis à la recherche d'un emploi.

Les difficultés pour trouver un emploi pèsent sur la consommation des ménages, qui représente habituellement les deux-tiers de l'activité économique aux Etats-Unis, et la reprise reste toujours hésitante.

Au deuxième trimestre, la croissance a sensiblement ralenti et le président de la Fed, Ben Bernanke, a déclaré la semaine dernière que la banque centrale se tenait prête à accroître son soutien à l'économie si nécessaire.

La publication du compte-rendu de la dernière réunion de la banque centrale montre cependant qu'une telle décision ne sera prise qu'en cas de dégradation sensible des perspectives.

"L'économie marque en quelque sorte une pause et, en fonction du temps que devrait durer cette période, la Fed sera contrainte ou pas d'intervenir", estime Ryan Sweet, économiste à Moody's Economy.com.

L'horaire de travail hebdomadaire moyen est resté stable en août à 34,2 heures.

Gwénaelle Barzic pour le service français, édité par Marc Angrand