L'Etat français se dit prêt à investir 300 millions d'euros tandis que le fonds souverain du Koweit (KIA) contribuera à hauteur de 600 millions pour acquérir une participation d'environ 4,8%, ce qui valorise le groupe à 11,5 milliards sur la base de ses fonds propres, a précisé la ministre de l'Economie dans un communiqué.

Les deux partenaires ont conclu un pacte d'actionnaires dans le cadre duquel l'Etat français s'engage à "faire ses meilleurs efforts" pour coter en Bourse les actions du spécialiste français du nucléaire d'ici la fin du premier semestre 2011, indique le document.

Le conseil de surveillance d'Areva se réunira samedi matin à 10h00 pour discuter de l'opération, a précisé une porte-parole du groupe. La validation de la levée de fonds du groupe public, censée contribuer au financement de ses investissements, ne devrait être qu'une formalité.

Areva est actuellement coté sous la forme de certificats d'investissement qui représentent environ 4% de son capital. Leur cotation a été suspendue vendredi peu après l'ouverture de la Bourse, sur un dernier cours de 351,30 euros, à la demande du régulateur. Selon un porte-parole d'Euronext, la cotation doit reprendre lundi matin à l'ouverture de la Bourse.

Un analyste basé à Paris a estimé que le prix payé par le Koweït représentait un certificat d'investissement de 325 euros. "C'est un bon prix, il y a eu des rumeurs récemment que ça allait être de 200 euros par titre", a-t-il dit.

UNE DEUXIÈME ÉTAPE POSSIBLE

L'Etat, qui contrôle aujourd'hui près de 90% d'Areva, s'était fixé comme objectif de boucler une augmentation de capital d'un maximum de 15% avant la fin de l'année, auprès d'investisseurs industriels et financiers, pour un montant global estimé entre 1,5 et 3 milliards d'euros.

Mais il a dû se résoudre à participer lui-même à l'opération dans le cadre d'une levée de fonds bien plus modeste que prévu, même si d'autres opérations pourraient venir la compléter ultérieurement.

L'Etat négociait depuis fin 2009 avec le Koweït, le fonds souverain du Qatar et le japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) mais le processus a pris du retard ces dernières semaines, notamment parce que le Qatar a conditionné sa participation à l'opération à la possibilité d'investir dans les activités minières d'Areva.

Bercy n'a pas évoqué vendredi l'objectif initial d'augmenter le capital d'Areva de 15% et a seulement fait savoir que l'Etat "pourra(it), le moment venu, lancer avec Areva des réflexions sur d'autres opérations de financement destinées, si besoin est, à compléter (la) première augmentation de capital".

Le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a récemment laissé entendre que le fonds du Qatar et MHI pourraient participer à une deuxième étape de la levée de fonds.

Il n'en outre pas exclu qu'EDF ou Alstom participent à cette deuxième phase, alors que les deux groupes se sont opposés à une entrée de MHI au capital du groupe nucléaire.

POSSIBLE MONTÉE D'EDF AU CAPITAL

"Mitsubishi était censé investir dès le premier 'round' et finalement c'est le gouvernement qui investit les 300 millions d'euros que Mitsubishi voulait investir, tout ça pour faire plaisir à Alstom", a estimé une source proche dossier.

L'Etat a en outre demandé fin juillet à EDF et Areva de nouer une alliance en faisant savoir qu'elle pourrait se traduire par une montée de l'électricien public au capital du fabricant de réacteurs, dont il détient aujourd'hui 2,4%.

Pour assurer le financement de ses investissements, Areva avait déjà dû procédé à contrecoeur, au printemps, à la vente de son pôle Transmission et Distribution (T&D) au tandem Alstom-Schneider pour près de 4,1 milliards d'euros, ainsi qu'à la cession de l'essentiel de sa participation dans Safran pour un montant total d'environ 311 millions.

Bercy a estimé vendredi que ces opérations et la vente de la participation d'Areva dans STMicroelectronics, "qui fait l'objet de discussions en vue d'un reclassement au sein du secteur public", représenteraient un montant total de 5 à 6 milliards d'euros.

Une source proche du dossier à récemment déclaré à Reuters que le Fonds stratégique d'investissement (FSI) avait proposé à Areva de lui racheter sa participation de 14% dans STMicro.

Selon son document de référence, Areva prévoit 6,5 milliards d'euros d'investissements organiques sur la période 2010-2012.

Benjamin Mallet, Gwénaelle Barzic, Marie Maitre, Lionel Laurent et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Jean-Michel Bélot et Matthieu Protard