ERBIL, Irak, 13 octobre (Reuters) - Les Nations unies se préparent à une crise humanitaire d'une rare ampleur avec l'offensive annoncée contre la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, et les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) qui la contrôlent.

Un million de personnes pourraient être chassées de chez elles quand nombre de civils pourraient être utilisés comme boucliers humains ou gazés.

"Dans le pire des scénarios, on pourrait avoir des centaines de milliers de gens forcés de partir de chez eux, et des centaines de milliers d'autres transformés en boucliers humains" par l'EI, explique Lise Grande, coordinatrice de l'aide humanitaire de l'Onu en Irak.

"On risque en plus d'avoir une attaque chimique mettant en danger des milliers, des dizaines de milliers de personnes, voire plus", dit-elle. "Si tout cela arrive en même temps, ce sera catastrophique".

Face à un exode d'un million de personnes, les Nations unies disent avoir besoin d'un milliard de dollars. Pour l'heure, 230 millions sont arrivés dans les caisses de l'Onu et de ses agences d'aide humanitaire.

Six camps pour les personnes déplacées ont été construits par le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), d'une capacité totale de 50.000 personnes. Il en est prévu onze autres.

Lise Grande espère que les habitants de Mossoul qui choisiront de partir dès que les combats commenceront ne le feront pas tous d'un coup.

"Face à un mouvement de population de, disons, 150.000 personnes, aucune institution au monde n'a les moyens de faire face. On espère que ce sera échelonné".

Mossoul, deuxième ville d'Irak que l'EI occupe depuis juin 2014, comptait deux millions d'habitants avant la guerre. Il en resterait aujourd'hui environ 1,5 million.

L'Onu s'efforce de savoir comment ses habitants vivent aujourd'hui sous domination de l'EI. Elle a des informateurs sur place.

Leurs comptes rendus dépeignent une sombre réalité. Le prix des denrées alimentaires a fortement augmenté, les médicaments font défaut, même pour les plus malades, et les enfants ne vont plus à l'école.

L'offensive de l'armée irakienne et de ses alliés pourrait débuter à la fin du mois, dit-on de sources irakiennes, et constituer la plus grande bataille sur le sol irakien depuis l'invasion sous commandement américain de 2003. (Michael Georgy, avec Ahmed Rasheed à Bagdad, Gilles Trequesser pour le service français, édité par Tangi Salaün)