(Avec communiqué rebelle, réactions)

par Andrew Green

JUBA, 2 février (Reuters) - Les rebelles sud-soudanais ont accusé dimanche les forces gouvernementales d'avoir rasé la ville natale de leur chef Riek Machar, en violation d'un cessez-le-feu.

Lul Ruai Koang, un porte-parole de la rébellion, a déclaré que la ville de Leer, dans le nord, avait été détruite par les forces du SPLA, l'armée sud-soudanaise, et des combattants du mouvement soudanais Justice et égalité, un groupe rebelle soudanais. Il a ajouté que des femmes et enfants avaient été massacrés en cherchant à prendre la fuite.

"Les forces (du président Salva) Kiir ont brûlé toute la ville de Leer et les villages environnants", a déclaré Koang dans un communiqué.

Il a également accusé l'armée ougandaise, qui fournissait un soutien aérien et terrestre au SPLA avant le cessez-le-feu, d'avoir renforcé ses effectifs avec d'anciens rebelles congolais du M23, des allégations mensongères selon l'armée ougandaise.

Un porte-parole de l'armée a dit ne pas avoir eu connaissance de combats à Leer, où Médecins sans frontières a dû évacuer la semaine dernière plus de 200 de ses employés en raison de l'insécurité.

Le gouvernement accuse également les rebelles d'enfreindre le cessez-le-feu signé à Addis-Abeba le 23 janvier.

Ces accusations et contre-accusations interviennent alors que les premiers observateurs africains de la fragile trêve sont arrivés dimanche dans le pays, indépendant depuis 2011.

Les négociations entre partisans du président Salva Kiir et ceux de son ancien vice-président Riek Machar, limogé en juillet dernier, doivent reprendre la semaine prochaine dans la capitale éthiopienne.

Les observateurs envoyés par l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui regroupe huit pays est-africains, surveilleront principalement la situation dans les villes de Malakal et de Bentiu, près des principaux gisements pétroliers du pays, dans celle de Bor, où ont eu lieu les combats les plus violents, ainsi qu'à Juba, la capitale.

"Les équipes seront déployées dans la semaine et nous pourrons commencer notre mission", a déclaré à son arrivée à Juba le général en retraite Gebreegzabher Mebrahtu, un Ethiopien qui dirige ce premier contingent d'observateurs de l'Igad.

Salva Kiir accuse son ancien vice-président d'avoir voulu le renverser à la mi-décembre, sur fond de rivalités entre l'ethnie Dinka, celle du président, et l'ethnie Nuer, celle de Machar.

Les combats qui ont suivi ont fait des milliers de morts et plus de 800.000 déplacés. (Andrew Green, Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)