RANGOUN, 20 janvier (Reuters) - Les soldats birmans ont attaqué dimanche des positions des séparatistes de l'ethnie Kachin, dans le nord-est du pays, malgré l'appel au cessez-le-feu et l'invitation de participer à des pourparlers du président Thein Sein, a déclaré un porte-parole rebelle.

Le président Thein Sein a émis un ordre de cessez-le-feu aux soldats situés dans la zone de La Ja Yang dans l'Etat de Kachin, près de la frontière avec la Chine, où les combats ont été particulièrement féroces.

Le cessez-le-feu devait entrer en vigueur samedi matin, mais l'armée a poursuivi ses attaques pendant le week-end a déclaré à Reuters le colonel James Lum Dau, porte-parole de l'Armée pour l'indépendance kachin (KIA) basé en Thaïlande.

Une attaque dans la région de La Ja Yang a commencé dimanche matin à 8H00 (1H30 GMT), impliquant des unités d'artillerie et d'infanterie, a-t-il expliqué.

S'exprimant lors d'un forum sur le développement samedi, le président Thein Sein avait invité les séparatistes Kachin à un "dialogue politique" avec les rebelles d'autres Etats.

Selon le colonel James Lum Dau, la KIA a répondu qu'elle ne participerait pas à des pourparlers tant que le gouvernement ne ferait pas preuve de plus de bonne volonté.

"Nous avons déjà donné notre accord pour un cessez-le-feu en 1994 et regardez où nous en sommes (...) Nous n'avons rompu aucun accord", a-t-il dit, soulignant la méfiance persistante de la KIA envers le gouvernement central, même après la formation d'un gouvernement semi-civil en 2011.

Le gouvernement n'a pas répondu aux accusations faisant état d'attaques à La Ja Yang mais a déclaré que les rebelles étaient responsables des attaques survenues ailleurs dans l'Etat de Kachin au cours du week-end.

L'organisation Human Rights Watch a accusé la semaine dernière l'armée de bombarder sans distinction la ville de Laiza, bastion de la KIA.

Les affrontements entre l'Armée pour l'indépendance kachin et les forces birmanes ont repris en juin 2010 après dix-sept ans de trêve. La Birmanie a conclu un cessez-le-feu avec plusieurs groupes rebelles, notamment avec les mouvements des ethnies Shan, Chin, Mon et Karen après plusieurs décennies de violences dans les zones frontalières.

(Aung Hla Tun, Hélène Duvigneau pour le service français)