(Actualisé avec confirmation Ghana)

ACCRA, 17 janvier (Reuters) - Charles Blé Goudé, farouche partisan de l'ancien président ivoirien Laurent Ggagbo, a été arrêté jeudi matin à Accra, au Ghana, où il s'était réfugié, a-t-on appris de plusieurs sources à Paris et auprès des autorités ghanéennes.

L'ancien chef de file du "Mouvement des jeunes patriotes" était recherché par les nouvelles autorités ivoiriennes depuis la fin de la crise post-électorale ivoirienne en avril 2011.

"Nous avons arrêté une personne que nous pensons être l'ancien ministre ivoirien de la Jeunesse", a déclaré à Reuters Larry Gbevlo-lartey, coordinateur de la sécurité au Ghana.

"Il y avait un mandat d'arrêt contre lui et nous le cherchions depuis un certain temps", a-t-il ajouté, précisant que la procédure allait suivre son cours et qu'il serait ultérieurement transféré, sans préciser où.

Charles Blé Goudé fait l'objet d'un mandat d'arrêt des autorités ivoiriennes pour kidnapping, détentions illégales, actes de torture et crimes économiques.

Il a été arrêté vers 09h00 (08h00 GMT) "par huit policiers en civil ghanéens et ivoiriens et forcé à monter dans une voiture", a dit à Reuters Toussaint Alain, ancien porte-parole à Paris de Laurent Gbagbo.

"Nous sommes profondément inquiets, parce qu'il est au Ghana où il vivait dans la totale clandestinité. Nous craignons une demande d'extradition", a-t-il ajouté.

Un porte-parole du Front populaire ivoirien (FPI) affirme que l'ancien chef du "Mouvement des jeunes patriotes" est tombé dans un "guet-apens" d'Interpol alors qu'il se rendait dans les locaux d'une chaîne de télévision pour y donner une interview.

Charles Blé Goudé est l'ancien animateur des manifestations anti-françaises en Côté d'Ivoire dans les années 2000.

Il est accusé par Abidjan d'avoir contribué aux violences durant la crise de décembre 2010-avril 2011, provoquée par le refus de Laurent Gbagbo de cèder le pouvoir à Alassane Ouattara après avoir perdu le scrutin présidentiel

Il a été cité comme l'une des personnalités qui pourraient être visées par la Cour pénale internationale (CPI). "Je suis prêt à aller à la CPI, parce que je ne me reproche rien", avait-il déclaré en juillet dernier.

Les violences de 2011, provoquées par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire à l'élection présidentielle de son rival Alassane Ouattara, ont fait plus de 3.000 morts jusqu'à l'arrestation de l'ex-président le 11 avril 2011.

Laurent Gbagbo est détenu à La Haye par la CPI, qui le soupçonne d'être "coauteur indirect" de crimes contre l'humanité commis durant la crise. (Kwasi Kpodo, avec Ange Aboa à Abidjan et Gérard Bon à Paris, édité par Sophie Louet)