par Adrian Croft

BRUXELLES, 17 janvier (Reuters) - Les Etats membres de l'Union européenne devraient se mettre d'accord lundi sur l'envoi de plusieurs centaines de soldats en Centrafrique pour venir en aide aux forces françaises et africaines engagées dans une difficile mission de rétablissement de la paix, a-t-on appris vendredi auprès de responsables de l'UE.

La décision, attendue lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles, donnera le coup d'envoi de la première grande intervention militaire européenne en six ans.

Les chefs de la diplomatie des Vingt-Huit s'entendront lundi sur les grandes lignes de l'opération, dont les détails militaires seront précisées ensuite. Il faudra aussi l'accord du Conseil de sécurité des Nations unies.

Présentant mercredi ses voeux aux armées, François Hollande avait défendu la "périlleuse" mission des 1.600 soldats français de l'opération Sangaris en Centrafrique et assuré que l'Europe s'impliquerait davantage. (voir )

D'après des diplomates, les forces de l'UE commenceront à arriver en Centrafrique d'ici la fin du mois de février. "L'idée est d'avoir un déploiement aussi rapidement que possible", a dit un responsable.

L'UE compte actuellement 7.000 personnes déployées à travers le monde dans le cadre de douze opérations civiles et quatre opérations militaires, dont la mission de lutte contre la piraterie au large de la Somalie et la formation de l'armée malienne.

Mais cette intervention constituera la première opération terrestre de l'UE depuis l'envoi de soldats dans l'est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine en 2008 dans le cadre d'initiatives régionales face à la crise du Darfour au Soudan.

LA GRANDE-BRETAGNE, L'ALLEMAGNE ET L'ITALIE À L'ÉCART

En dépit de la présence des 1.600 soldats français de Sangaris et des 4.000 casques verts de la force africaine Misca, la Centrafrique demeure plongée dans le chaos provoqué en mars dernier par l'arrivée au pouvoir des rebelles majoritairement musulmans de la Séléka.

Depuis lors, plus d'un million de personnes ont été déplacées par les violences.

En décembre dernier, les affrontements dans la seule capitale, Bangui, ont fait plus de 1.000 morts.

De retour de Centrafrique, John Ging, directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a évoqué jeudi un risque de génocide. (voir )

L'UE conçoit sa mission comme temporaire, quatre à six mois, le temps que les effectifs des forces de maintien de l'Union africaine soient portées à leur objectif de 6.000 soldats.

Le contingent européen devrait être déployé autour de Bangui, y compris son aéroport, pour protéger les populations civiles.

Son format reste à préciser: un responsable évoque l'équivalent d'un bataillon, de l'ordre de 700 à 1.000 soldats. Un autre diplomate a parlé pour sa part d'un contingent plus réduit de 400 à 600 soldats.

La Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Italie ne devraient pas contribuer à la mission, dit-on de sources diplomatiques. En revanche, la Belgique et l'Estonie ont d'ores et déjà manifesté leur intention d'y participer. La Pologne et la Suède pourraient les imiter, de même que la France. (Henri-Pierre André pour le service français)