par Stephen Jewkes

Ces propos ont brièvement fait baisser l'euro. La devise communautaire a touché un point bas du jour à 1,4285 dollar avant de revenir vers 1,4355 dollar vers 10h30 GMT, en baisse de 0,03% sur la journée.

"Les marchés se font des illusions s'il pensent qu'à un certain stade les autres Etats membres mettront la main au porte-monnaie pour sauver la Grèce", déclare Jürgen Stark dans un entretien à Il Sole 24 Ore.

Il souligne que la Grèce n'a pas contrôlé ses comptes publics ces dernières années ni travaillé à améliorer la compétitivité du pays.

"Les traités prévoient la clause de non-sauvetage et les règles doivent être respectées", ajoute-t-il.

Selon des analystes, les propos de Stark ne signifient pas nécessairement que l'UE refuserait d'apporter son aide à la Grèce si cela devenait nécessaire pour éviter un défaut sur la dette.

Ils estiment que Jürgen Stark a eu à dessein des propos forts pour faire pression sur le gouvernement grec afin qu'il consente à des réductions massives des dépenses publiques pour ramener le déficit budgétaire à des niveaux acceptables.

Des responsables de l'UE et de la BCE étaient attendus mercredi à Athènes pour une visite d'inspection et des discussions sur les projets de la Grèce pour réduire ses déficits.

"PAS BESOIN DE CETTE CLARIFICATION"

"Je suis confiant dans le fait que si une aide était nécessaire quelque part, elle serait versée car il y a un énorme enjeu pour la zone euro", souligne Jacques Cailloux, économiste à la RBS.

"Si la zone euro ou la périphérie était menacée par une crise contagieuse, alors la BCE aurait le droit d'intervenir", ajoute-t-il.

Réagissant aux commentaires de Jürgen Stark, le ministre grec des Finances, George Papaconstantinou, a répété que son gouvernement n'avait pas besoin d'aide extérieure en raison des mesures déjà prises pour réduire son déficit budgétaire.

"Franchement, nous n'avons pas besoin de cette clarification", a-t-il dit à Bloomberg. "Nous ne nous attendons pas à être sauvés par qui que ce soit car il est parfaitement clair, je pense, que nous faisons ce qui doit être fait pour réduire le déficit et contrôler la dette publique."

Les trois principales agences de notation ont abaissé en décembre la note de la dette grecque mais Moody's Investors Service a en partie rassuré les marchés financiers en déclarant que le pays était loin d'être en crise.

Jürgen Stark déclare par ailleurs dans l'entretien à Il Sole 24 Ore que l'inflation dans la zone euro restera stable jusqu'à la fin de l'année 2011.

"Aujourd'hui, la zone euro est caractérisée par un haut degré de stabilité des prix qui nous autorise à penser que les taux d'intérêt sont appropriés", dit-il.

Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a lui aussi estimé mercredi qu'il n'y avait pas de raison de renoncer à la politique monétaire actuelle étant donné l'absence de tensions inflationnistes et le contexte de reprise économique fragile.

Jürgen Stark précise pour sa part que la stabilité de l'inflation pourrait être affectée par une croissance économique plus forte que prévu ou une incapacité à réabsorber rapidement les liquidités déversées sur le marché, "deux conditions que je ne vois pas aujourd'hui".

Stark estime que la situation économique s'est améliorée avec le retour de la croissance depuis le troisième trimestre de l'an dernier mais que les perspectives restent incertaines.

Il déclare qu'il n'a pas d'inquiétude concernant l'éventualité d'une "bulle" qui serait créée sur les marchés d'actions par les injections massives de liquidités.

"Mais il est clair", nuance-t-il, "que les liquidités importantes mises à la disposition de l'économie ces derniers mois présentent des risques et des effets négatifs".

Version française Danielle Rouquié et Clément Dossin, édité par Dominique Rodriguez