Selon El Economista, ce programme inclurait une ligne de crédit pouvant aller jusqu'à 250 milliards d'euros. Le journal, qui cite des sources proches de "l'entité émettrice", ajoute que la mesure a fait l'objet de discussions lors d'une réunion spéciale du conseil d'administration du FMI.

Cet article est "très bizarre", a déclaré Amadeu Altafaj, porte-parole de la Commission européenne. "Je le démens formellement."

Une porte-parole du FMI a pour sa part qualifié l'article de "totalement infondé".

Ces démentis n'ont pas empêché une nouvelle poussée d'inquiétude des investisseurs au sujet de l'Espagne, comme en témoigne le niveau, sans précédent depuis la création de la zone euro, de la prime réclamée pour détenir de la dette espagnole plutôt que des emprunts de référence allemands.

L'écart de rendement entre les obligations espagnoles à dix ans et leurs équivalents allemands a ainsi atteint dans la journée 223 points de base, selon les données de Tradeweb.

Et la Bourse de Madrid a terminé dans le rouge, cédant 0,6% sur la journée alors que les autres grandes places boursières européennes poursuivaient leur progression.

"Le bruit relatif à une sorte d'accès facilité au crédit pour l'Espagne s'est beaucoup amplifié", a déclaré Silvio Peruzzo, économiste chez RBS à Londres.

Le 7 juin dernier, les 16 pays de la zone euro ont finalisé la mise en place d'un fonds européen de stabilité financière (FESF), d'une capacité d'intervention de 440 milliards d'euros, appelé à venir au secours de tout pays rencontrant des difficultés similaires à celles qui étranglent la Grèce.

L'ESPAGNE PAS À L'ORDRE DU JOUR DU CONSEIL EUROPÉEN

Un porte-parole du gouvernement espagnol a assuré mardi que la rencontre prévue vendredi entre le président du gouvernement espagnol, Jose Luis Rodriguez Zapatero, et le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, n'avait pas de lien avec les spéculations relayées dans la presse sur un prêt à l'Espagne.

En marge d'une conférence à Paris, Dominique Strauss-Kahn a fait peu de cas de l'article d'El Economista.

"Je suis en France. Est-ce qu'il y a des spéculations au sujet d'une aide à la France ? Je me rends en Italie demain. Y a-t-il des rumeurs d'aide au sujet de l'Italie ? Dans une semaine, je serai à Bruxelles. Est-ce qu'il y a des spéculations au sujet d'une aide à la Belgique ?", a-t-il dit.

L'article d'El Economista est publié un jour avant la tenue d'un Conseil européen qui est officiellement consacrée à la réforme de la gouvernance économique européenne.

L'Espagne ne figure pas à l'ordre du jour de ce conseil, mais il ne fait guère de doutes que la situation financière du pays a de fortes chances d'accaparer les discussions de couloir entre dirigeants de l'Union européenne.

Malgré le succès rencontré mardi par une adjudication de titres de dette menée par Madrid, les investisseurs restent préoccupés par la situation des marchés du crédit en Espagne, où le taux de chômage avoisine 20% et le déficit budgétaire 11% du produit intérieur brut (PIB).

Les banques espagnoles, y compris les plus puissantes comme BBVA ou Santander, ont de plus en plus de difficultés à se financer sur les marchés et se voient contraintes de se tourner vers la Banque centrale européenne (BCE) pour trouver des liquidités.

Les marchés seront peut-être rassurés par le fait que gouvernement espagnol a approuvé mercredi une réforme de la législation du travail, qui sera soumise à un vote parlementaire le 22 juin.

Les économistes la jugent cruciale pour rétablir une croissance durable en abaissant les coûts d'embauche et de licenciement, qui sont parmi les plus élevés du monde industrialisé, et en rendant les industries de transformation plus compétitives.

Elizabeth O'Leary et Dale Hudson, Gwénaelle Barzic, Benoît Van Overstraeten et Philippe Bas-Rabérin pour le service français, édité par Marc Angrand