PARIS, 20 mars (Reuters) - L'Union européenne envisage d'envoyer sa propre mission d'observation en Ukraine si elle juge que la Russie bloque délibérément l'envoi d'observateurs de l'OSCE, a indiqué jeudi un diplomate en marge du Conseil européen de Bruxelles.

Les Européens redoutent que Moscou prenne prétexte d'exactions non avérées sur des russophones dans l'est de l'Ukraine pour justifier une intervention militaire ou l'annexion d'une partie orientale de l'ex-république soviétique.

"Si l'on n'arrive pas à le faire avec l'OSCE, l'idée est de faire une mission sous couvert de l'Union européenne pour attester que la situation sur le terrain ne légitime pas l'intervention militaire de qui que ce soit ou le rattachement de telle ou telle région", estime ce diplomate.

"Plusieurs centaines d'observateurs pourraient participer à cette mission", a-t-il dit alors que d'autres Européens n'ont pas abandonné l'espoir d'obtenir une mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, dont la Russie fait partie.

"Nous devons attendre que la mission de l'OSCE soit complètement écartée, et cela n'est toujours pas clair", estime un autre diplomate.

Une autre source européenne émet aussi des réserves.

"Si nous envoyons des observateurs à l'est de l'Ukraine et qu'ils ne peuvent pas aller en Crimée, c'est une reconnaissance tacite que la Crimée ne fait plus partie de l'Ukraine et ce n'est pas le message que nous voulons envoyer", dit-elle.

Les Européens ont redoublé leurs efforts diplomatiques ces derniers jours pour convaincre Moscou d'accepter une mission de l'OSCE, une initiative jugée centrale pour retrouver le chemin d'une résolution diplomatique à la crise ukrainienne.

Réunis pour leur sommet de printemps, les dirigeants de l'UE doivent annoncer de nouvelles sanctions contre des personnalités impliquées dans l'annexion de la Crimée mais cherchent à ménager Moscou pour ne pas compromettre la "désescalade" qu'ils espèrent. (voir )

Les dirigeants des Vingt-Huit devraient ainsi évoquer des sanctions commerciales contre la Russie mais ne les mettront en oeuvre qu'en cas d'aggravation de la crise. (Julien Ponthus, Luke Baker et Adrian Croft édité par Yves Clarisse)