* Les Africains dénoncent "deux poids, deux mesures"

* L'ouverture du procès Kenyatta est prévue le 12 novembre (Actualisé avec le communiqué sur le dossier kényan)

par Aaron Maasho et Edmund Blair

ADDIS-ABEBA, 12 octobre (Reuters) - Les dirigeants de l'Union africaine (UA), réunis samedi à Addis-Abeba, ont demandé le report d'un an du procès du président kényan Uhuru Kenyatta devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, dont l'ouverture est prévue le 12 novembre.

Si ce report n'est pas accordé, l'UA demande au chef de l'Etat kényan, poursuivi pour les violences post-électorales de 2007, de ne pas se rendre dans la ville néerlandaise.

Les responsables africains appuient leur demande au Conseil de sécurité de l'Onu sur l'article 16 du Statut de Rome, qui permet le report d'un procès d'une année, mesure qui peut être soumise à renouvellement.

"Si cela n'est pas accepté, le sommet a décidé que le président (Uhuru) Kenyatta ne doit pas se présenter (devant la CPI)", a déclaré le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom.

Ce sommet avait été réuni pour examiner les relations entre l'Afrique et la CPI, accusée par certains d'appliquer "deux poids, deux mesures" et de s'en prendre indûment à des Africains tout en ignorant les crimes commis dans d'autres parties du monde.

"Nous aimerions que nos inquiétudes soient prises en compte", a dit en clôture du sommet le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, dont le pays préside actuellement l'UA.

"Nous sommes convenus qu'aucune charge ne pourra être portée ou maintenue par un tribunal international contre un chef d'Etat ou de gouvernement en exercice, ou contre quiconque habilité à agir en tant que tel, pendant la durée de son mandat", a-t-il ajouté.

Vendredi, à l'ouverture de la réunion, le Premier ministre éthiopien avait souligné que l'objectif de l'UA "n'est pas et ne doit pas être une croisade contre la CPI mais un appel solennel pour qu'elle prenne sérieusement en compte les préoccupations de l'Afrique".

Le procès du vice-président kényan, William Ruto, inculpé avec le président Kenyatta, s'est ouvert en septembre à La Haye. Tous deux sont accusés de crimes contre l'humanité.

Le seul prévenu condamné à ce jour par la CPI est un Africain, comme tous les autres inculpés, ce qui alimente l'idée répandue en Afrique que la Cour n'est pas impartiale.

"Exiger le respect est pour l'Afrique la moindre des choses", a dit à Reuters la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.

"Mais je n'aime pas que l'on se méprenne là-dessus, comme nous l'avons vu faire par certains des détracteurs de cette initiative - et que l'on pense que les Africains recherchent l'impunité. Ce n'est pas le cas", a-t-elle souligné. (Eric Faye, Jean-Philippe Lefief et Guy Kerivel pour le service français)