BRUXELLES, 4 mars (Reuters) - L'Otan a refusé vendredi d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine, comme le demande Kiev, par crainte d'entrer en conflit direct avec la Russie, mais l'Union européenne et le G7 ont promis de sanctionner davantage Moscou.

Cette décision a été vivement critiquée par le président ukrainien Volodimir Zelenski, qui a estimé que l'Alliance atlantique avait ainsi donné à la Russie un feu vert pour poursuivre sa campagne de bombardements en Ukraine.

"Les alliés sont d'accord pour dire qu'il ne peut pas y avoir d'avions de l'Otan dans le ciel ukrainien ni de troupes de l'Otan sur le territoire ukrainien", a dit le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, pendant une conférence de presse.

"Aujourd'hui, il y a eu un sommet de l'Otan, un sommet faible, un sommet confus, un sommet où il a été clair que tout le monde ne considère pas que la bataille pour la liberté de l'Europe est l'objectif numéro un", a commenté Volodimir Zelenski lors d'une allocution télévisée.

"Aujourd'hui, le leadership de l'Alliance a donné son feu vert à de nouveaux bombardements des villes et villages ukrainiens", a-t-il dit.

Tout en dénonçant la guerre "atroce" lancée par la Russie, qu'il a notamment accusée d'utiliser des bombes à fragmentation, interdites dans de nombreux pays, Jens Stoltenberg a dit comprendre le "désespoir" des Ukrainiens mais rappelé que la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne obligerait l'Otan à affronter l'aviation russe.

"Nous avons la responsabilité, en tant qu'alliés de l'Otan, d'éviter que cette guerre s'étende au-delà de l'Ukraine parce que cela serait encore plus dangereux, plus dévastateur, et cela causerait davantage de souffrances", a-t-il dit à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance.

"C'est la guerre du président Poutine, celle qu'il a choisi de faire, qu'il a planifiée et qu'il mène contre un pays pacifique. Nous appelons le président Poutine à mettre immédiatement fin à cette guerre, à retirer ses troupes sans conditions et à entamer un vrai processus diplomatique", a-t-il ajouté.

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a répété que l'Alliance comptait défendre "chaque pouce du territoire" de l'Otan. "Notre alliance est défensive. Nous ne cherchons pas le conflit. Mais si le conflit vient à nous, nous sommes prêts", a-t-il dit.

L'Union européenne, qui a déjà privé plusieurs banques russes du système de paiements international SWIFT et ciblé des oligarques russes proches du président Vladimir Poutine, promet de nouvelles sanctions, même si celles-ci restent floues à l'heure actuelle.

"Nous continuerons d’imposer de nouvelles sanctions sévères en réponse à l’agression russe, facilitée par le régime de Loukachenko en Biélorussie", ont également prévenu les ministres des Affaires étrangères du G7 dans un communiqué.

Ils se sont également dits "profondément préoccupés par le bilan humanitaire catastrophique causé par les frappes russes qui se poursuivent contre les populations civiles des villes ukrainiennes".

"Nous soulignons à nouveau que les attaques indiscriminées sont interdites par le droit international humanitaire", ont déclaré les chefs de la diplomatie du groupe des sept pays industrialisés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Canada, Italie).

Les Etats-Unis examinent si des crimes de guerre sont commis par la Russie en Ukraine, mais n'ont arrêté pour l'instant aucune conclusion, a déclaré vendredi la porte-parole de la Maison blanche, Jen Psaki.

"Les jours qui viennent seront probablement pires, avec davantage de morts, de souffrances et de destructions", a déclaré Jens Stoltenberg. (Reportage Simon Lewis, Ingrid Melander, Philip Blenkinsop, Sabine Siebold, Bart Meijer, Francesco Guarascio, John Irish, Marine Strauss, John Chalmers; version française Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse)