Rome prévoit désormais une contraction de 2,4% du produit intérieur brut (PIB) cette année, un chiffre doublé par rapport aux prévisions présentées en avril.

Cette dégradation se traduit mécaniquement par un creusement du déficit budgétaire: il devrait représenter 2,6% du PIB, contre 1,7% prévu au printemps, et 1,8% l'an prochain, contre 0,5%.

Jusqu'en avril, le gouvernement assurait qu'il pourrait ramener le budget à l'équilibre en 2013, comme l'avait promis le prédécesseur de Mario Monti, Silvio Berlusconi.

Le relèvement des prévisions de déficit n'est pas en soi une surprise mais il est bien plus marqué qu'attendu, même si des chiffres de la Banque d'Italie avaient montré récemment une légère hausse du déficit sur les sept premiers mois de l'année par rapport à l'an dernier. L'année 2011 s'est soldée par un déficit représentant 3,9% du PIB.

En 2013, l'économie italienne devrait se contracter encore de 0,2%, alors que le Trésor prévoyait jusqu'à présent une croissance de 0,5%.

Le ministre de l'Economie, Vittorio Grilli, a déclaré qu'en dépit de cette dégradation des perspectives économiques et budgétaires, l'Italie n'avait pas l'intention de solliciter l'aide de l'Union européenne ou de la Banque centrale européenne.

MONTI SE FÉLICITE D'AVOIR GARDÉ SON INFLUENCE

"Nos finances publiques sont tout à fait en ordre", a-t-il dit à la presse.

Lors de la même conférence de presse à l'issue d'un conseil des ministres de trois heures consacré aux nouvelles prévisions du Trésor, Mario Monti a défendu la politique de son gouvernement, en évoquant indirectement la décision récente de la BCE de s'engager à des achats illimités d'obligations d'Etat pour faire baisser les coûts de financement des pays en difficulté.

"Si l'Italie ne poursuivait pas résolument sur la voie qu'elle a empruntée, les marchés ne se contenteraient pas d'envoyer des signaux négatifs mais l'Italie aurait plus de difficulté pour continuer à exercer l'influence qu'elle a récemment exercée sur la scène politique et économique européenne", a dit le président du Conseil.

Le nouveau "Document économique et financier" (DEF) rédigé par le Trésor montre aussi une dégradation des perspectives d'évolution de la dette publique italienne, l'une des plus lourdes d'Europe rapportées au PIB avec celle de la Grèce.

Le ratio dette/PIB italienne devrait atteindre 126,4% cette année, contre 123,4% prévu jusqu'à présent, ce qui constituerait un nouveau record pour le pays. La prévision pour l'an prochain a été portée de 121,5% à 126,1%.

Le gouvernement a aussi relevé ses prévisions de déficit structurel pour prendre en compte l'impact de la récession, mais il a souligné qu'il respecterait l'engagement pris envers l'Union européenne d'un budget structurel équilibré en 2013.

Giuseppe Fonte; Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten

par Giuseppe Fonte et Gavin Jones