MILAN (Reuters) - Le Trésor italien peut prendre le contrôle total de la division de câble sous-marin de Telecom Italia (TIM), Sparkle, dans le cadre d'un accord avec le fonds américain KKR pour faire une offre commune sur le réseau fixe du groupe, selon un projet de décret gouvernemental.

Mi-août, le gouvernement italien a signé un protocole d'accord avec KKR, qui prépare une offre d'achat pour TIM. Le fonds veut acquérir NetCo qui regroupe le réseau de lignes fixes du groupe italien et la filiale Sparkle.

Lundi, Rome a approuvé deux décrets permettant au Trésor de prendre une participation de 15% à 20% dans NetCo. Les décrets, consultés par Reuters, montrent que le Trésor aurait aussi la possibilité d'acquérir Sparkle "à un stade ultérieur".

Sparkle gère des câbles de fibre optique qui s'étendent sur plus de 600.000 kilomètres. La filiale a été évaluée à 1,2 milliard d'euros dans l'offre préliminaire de KKR pour NetCo, ont rapporté des sources.

La cession du réseau fixe est un élément crucial du plan de redressement de TIM, lourdement endetté, engagé par son directeur général Pietro Labriola.

L'initiative du gouvernement accroît considérablement les chances qu'une opération soit finalisée, "étant donné le soutien politique clair et prononcé", ont écrit les analystes d'Equita dans une note.

A la Bourse de Milan, l'action Telecom Italia gagnait 0,25% à 13h05 GMT après avoir pris jusqu'à 3% plus tôt en séance.

KKR a fait une offre de quelque 23 milliards d'euros, prenant en compte la situation d'endettement et un certain nombre d'éléments variables et laissant la possibilité au gouvernement de se joindre à l'offre pour garder un contrôle sur les actifs.

Le réseau de TIM est la principale infrastructure de télécommunications de l'Italie et Rome cherche depuis des années à s'assurer que des investissements sont réalisés pour le moderniser en la faisant passer à la fibre optique.

LE VERDICT DE VIVENDI ATTENDU

Les décrets autorisent le Trésor à soumettre une offre engageante conjointe avec KKR et d'autres investisseurs italiens pour NetCo, ce qui donnerait au gouvernement une participation minoritaire évaluée jusqu'à 2,2 milliards d'euros.

Un obstacle à tout accord reste la position du groupe de médias Vivendi, qui détient une participation d'environ 24% dans TIM. Le groupe français a jusqu'à présent demandé une valorisation plus élevée pour les actifs de réseau fixe et remis en cause la solidité des activités restantes de TIM dans les services.

De hauts représentants de Vivendi attendent d'être convoqués pour discuter de l'accord avec les principaux collaborateurs de la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, même si aucune réunion n'a été programmée jusqu'à présent, ont indiqué des sources proches du dossier.

Les décrets prévoient des droits pour le Trésor dans la gouvernance de NetCo, lui permettant de superviser les décisions d'importance stratégique et de sécurité nationale, "y compris en cas de changement dans la structure de l'actionnariat".

(Blandine Hénault pour la version française, édité par Kate Entringer)

par Elvira Pollina et Giuseppe Fonte