par Véronique Tison

Dans sa note de conjoncture publiée mercredi, l'institut de la statistique attend une hausse de 0,5% du produit intérieur brut au deuxième trimestre, puis une croissance de 0,4% aux deux trimestres suivants.

Sur l'ensemble de l'année, la croissance serait de 1,4%, conforme à la prévision du gouvernement et tout juste suffisante pour stabiliser le chômage.

L'acquis en fin d'année serait ainsi de +0,6% et il faudrait dans ce cas une croissance de 0,8% pendant chaque trimestre de 2011 pour parvenir à l'objectif gouvernemental de 2,5%, a calculé l'Insee dont l'horizon de prévision se limite toutefois à 2010.

Après une hausse de 0,5% au quatrième trimestre 2009, le PIB a marqué le pas sur les trois premiers mois de 2010 (+0,1%), faisant craindre une rechute de l'économie même si ce chiffre est susceptible d'être révisé à la hausse vendredi lorsque seront publiés les comptes nationaux détaillés.

Intitulée "Au milieu du gué", la note de conjoncture de l'Insee laisse entrevoir une poursuite de la reprise mais à un rythme modéré et avec des incertitudes élevées.

DES EAUX TURBULENTES

"Un mouvement de reprise de l'activité mondiale s'est enclenché depuis plusieurs trimestres mais il reste encore du chemin à parcourir dans cette sortie de crise et dans des eaux qui peuvent être turbulentes", a déclaré Sandrine Duchêne, chef du département de la Conjoncture, lors d'une conférence de presse.

Deux dynamiques sont à l'oeuvre, en France comme dans les autres économies avancées, a-t-elle expliqué. D'une part la reprise mondiale, mais qui profite davantage aux pays fortement exposés au commerce extérieur comme l'Allemagne ou le Japon, de l'autre la nécessité d'un assainissement des finances publiques qui s'est déjà traduit par l'annonce de plans de rigueur.

"L'année 2010 est une année de transition entre relance et consolidation budgétaire", a souligné Sandrine Duchêne.

"A très court terme, le deuxième trimestre s'annonce bien mais on assiste actuellement à un certain plafonnement des enquêtes de conjoncture qui laissent attendre un tassement de l'activité d'ici la fin de l'année."

Selon l'Insee, l'atténuation de la croissance au deuxième semestre ne remettra pas en cause les deux apports positifs du premier trimestre, à savoir l'amorce d'un redémarrage de l'investissement des entreprises et le retour à des créations d'emplois nettes dans le secteur marchand.

"Cette tendance se poursuivra tout au long de l'année mais le rythme de la reprise sera lent et ne se transmettra que progressivement au revenu des ménages", a dit Sandrine Duchêne.

Dans ce contexte, et avec un chômage stabilisé mais toujours élevé, l'Insee voit la consommation des ménages stagner au deuxième trimestre comme au premier, avant une hausse modérée (0,3%) aux deux trimestres suivants.

La demande pour les entreprises s'en trouvera limitée mais la dépréciation de l'euro leur apportera une bouffée d'oxygène en rendant leurs exportations plus compétitives.

L'EFFET POSITIF DE L'EURO

Au total, selon les projections de l'Insee, la baisse récente de l'euro devrait avoir un impact positif de 1,6 point sur les exportations cette année et de 0,5 point sur la croissance qui, autrement, n'aurait donc été que de 0,9%.

L'investissement des entreprises de son côté profitera de l'amélioration des perspectives de débouchés mais restera freiné par des capacités de production toujours sous-utilisées, avec un taux actuellement de 76% - dix points sous la moyenne de longue période.

Après huit trimestres consécutifs de repli, l'Insee voit l'investissement des entreprises non financières repartir de 0,6% au deuxième trimestre mais il reculerait encore de 2,0% au total sur 2010, après une chute de 7,9% en 2009.

Du côté de l'emploi, les 24.000 créations nettes dans les secteurs marchands au premier trimestre - après sept trimestres de destructions - seraient suivies par 8.000 autres au deuxième, 4.000 au troisième et 15.000 au quatrième, soit un gain total de 51.000 emplois cette année après 337.000 destructions en 2009.

Après six trimestres de forte hausse, le taux de chômage resterait quant à lui stable à 9,5% en France métropolitaine (9,9% en comprenant les départements d'outre-mer), à son plus haut niveau depuis fin 1999.

L'Insee souligne que ses prévisions sont entourées d'incertitudes. Une résurgence des tensions financières et/ou l'impact des mesures de réduction du déficit public risqueraient de peser sur la croissance, alors qu'à l'inverse la dépréciation de l'euro, si elle se poursuit, pourrait permettre aux pays de la zone euro de mieux profiter du dynamisme du commerce mondial.

Édité par Yves Clarisse