Avec ses origines modestes et son style affable, proche de celui du président Joko Widodo, M. Ganjar était pressenti pour lui succéder, fort du soutien supposé du président sortant, qui jouit d'une grande popularité.

Mais son influence politique s'effrite depuis que Widodo, mieux connu sous le nom de Jokowi, a trahi son propre parti et commencé à faire tacitement campagne pour le candidat rival et ancien dur à cuire militaire Prabowo Subianto.

M. Ganjar se trouve aujourd'hui dans une situation délicate, lié à une campagne et à une vision politique façonnées par Jokowi, mais sans le soutien crucial de ce dernier.

M. Ganjar a rejeté les ouvertures de Jokowi à Prabowo en les qualifiant de "politiques" et a réagi en réaffirmant le programme populiste qui lui a valu deux mandats de gouverneur du centre de Java, s'engageant à créer 17 millions d'emplois, à développer la protection sociale et à favoriser l'accès des pauvres à l'enseignement supérieur s'il est élu.

Fils d'un policier aux cheveux argentés dont la famille tenait un magasin familial, cet ancien militant étudiant de 55 ans a servi sa province pendant deux décennies, avec deux mandats de législateur et de gouverneur.

M. Ganjar a bâti sa réputation sur des politiques en faveur des pauvres qui ont permis de réduire les taux d'intérêt sur les microcrédits, d'aider les agriculteurs à acheter des engrais et d'obliger les fonctionnaires à donner 2,5 % de leur salaire mensuel pour soutenir des programmes de santé, d'éducation et d'aide en cas de catastrophe.

Mais certains problèmes ont terni son bilan, notamment son appel controversé de l'année dernière à empêcher Israël de participer à la Coupe du monde de football des moins de 20 ans, pour laquelle l'Indonésie n'a pas été désignée comme pays organisateur. En 2016, il a dû faire face à de nombreuses manifestations d'agriculteurs contre la construction d'une cimenterie qu'il avait approuvée.

M. Ganjar s'est concentré sur une intense campagne de terrain, visitant des communautés pauvres et passant la nuit dans de modestes maisons de village. En ligne, ses partisans ont adopté ce qu'ils considèrent comme son image sportive et active.

"Notre force est de continuer à bouger, à rencontrer des gens et à déployer toutes les ressources dont nous disposons", a déclaré M. Ganjar lors d'une interview accordée à l'agence Reuters en décembre.

M. Ganjar reste à la traîne dans les sondages et se situe à 32 points de Prabowo dans les enquêtes publiées la semaine dernière par Indikator Politik et Lembaga Survei Indonesia, mais il n'est pas loin d'un troisième candidat, l'ex-gouverneur de Jakarta Anies Baswedan.

Selon les règles électorales indonésiennes, si aucun candidat n'obtient plus de 50 % des voix, un second tour est organisé en juin entre les deux premiers.

"À ce stade, le meilleur espoir de Ganjar est d'arriver au second tour contre Prabowo", a déclaré James Guild, membre associé de la S. Rajaratnam School of International Studies.

"Il s'agira néanmoins d'un parcours semé d'embûches, car Ganjar contre Prabowo seraient deux candidats de continuité en compétition l'un contre l'autre... Il s'agit là d'une réalité politique fondamentale qui sera difficile à surmonter.